« L’accessibilité bancaire » au Livret A : cette mission de La Poste menacée par le RN – 04/07/2024 à 11:12
Cette mission d’accessibilité bancaire impose à La Poste de permettre l’ouverture d’un Livret A à 1,50 € à toute personne qui en fait la demande, y compris les personnes soumises à des restrictions bancaires ou sans titre de séjour.
(AFP / JEAN-SEBASTIEN EVRARD)
Un collectif d’associations engagées dans la lutte contre la pauvreté et des syndicats ont indiqué jeudi s’opposer aux mesures défendues par le Rassemblement national concernant les missions de service public de La Poste, qu’ils jugent dangereuses pour les personnes défavorisées, les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Le collectif Alerte, composé de 34 associations dont Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre et Médecins du Monde, s’alarme ainsi du fait que « le RN propose de supprimer la subvention publique accordée à La Banque Postale », filiale de La Poste, « pour sa mission d’accessibilité bancaire réalisée via le Livret A ». Cette mission d’accessibilité bancaire impose à La Poste de permettre l’ouverture d’un Livret A à 1,50 € à toute personne qui en fait la demande, y compris les personnes interdites de banque ou sans titre de séjour. Elle bénéficie principalement « aux titulaires de minima sociaux et aux réfugiés et demandeurs d’asile », rappelle le collectif.
Des missions en danger ?
Fin juin, le député et spécialiste des questions économiques au RN Jean-Philippe Tanguy avait en effet indiqué son souhait de mettre fin au contrat de compensation de service public, pour lequel l’État subventionne La Banque Postale à hauteur de 300 millions d’euros, préférant que ce soit le secteur bancaire qui le finance directement.
Outre l’accessibilité bancaire, La Poste a aujourd’hui trois autres missions de service public, que le collectif Alerte considère également menacées par le Rassemblement national :
le service postal universel, la contribution à l’aménagement du territoire, le transport et la distribution de la presse.
Jean-Philippe Tanguy avait ainsi déposé en novembre 2023 un amendement proposant de réduire de 605 millions d’euros la subvention que reçoit La Poste pour ces trois missions, jugeant qu’il était « plus judicieux de financer cette dépense par une augmentation de la taxe sur les GAFAM ». L’amendement a été rejeté.
« Clairement, le Rassemblement national », qui espère obtenir une majorité de sièges à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives de dimanche, « menace directement l’avenir des missions de service public de La Poste et de la Caisse des dépôts », propriétaire des deux tiers de La Poste, juge le collectif Alerte.
Plusieurs syndicats – dont SUD PTT et la CGT de la Caisse des dépôts – ont cosigné ce texte. Fin mai, le PDG de la Caisse des dépôts, Éric Lombard, estimait qu’il fallait « ajuster les missions » du service public de La Poste « en termes de rémunération », car « le sac à dos devient trop lourd et commence aussi à peser sur la Caisse des dépôts, malgré la taille du groupe et sa capacité de résistance ».
Deux options ont ensuite été évoquées par M. Lombard : « le fait que l’Etat augmente ce financement » ou « diminue le coût des missions ».