« L’absence de possibilité pour la Cour pénale internationale de juger par contumace la condamne au rôle de spectateur engagé »
LLongtemps cantonnée au territoire africain, la Cour pénale internationale (CPI) tente depuis quelques temps une montée en gamme salutaire. Les poursuites que Karim Khan, procureur de la Cour, souhaite désormais engager contre Benyamin Netanyahu – l’actuel Premier ministre israélien – ou Yahya Sinouar – le leader du Hamas – sont porteuses d’un message universel qu’il faut saluer. Tous ceux qui bafouent les règles de la guerre doivent être tenus pour responsables. Le droit humanitaire est un garde-fou contre les passions tristes, contre la tentation d’aller aux extrêmes dans différents domaines de conflit.
Quelle que soit la justice de sa cause, il faut résister aux pulsions de vengeance, à toute cette violence effrénée qui « rend le plus raisonnable mauvais »pour reprendre la réaction d’Achille, ses larmes et sa colère, à l’annonce de la mort de son compagnon, Patrocle (leIliade, chant XVIII). La justice est aussi là pour préserver l’avenir. Mais s’intéresser en temps réel aux actions de tous les belligérants, y compris les plus puissants, s’expose à des opérations d’intimidation et à des procès en disqualification.
En vingt ans d’existence, la CPI a dû faire face à l’hostilité des États-Unis lorsqu’elle s’est penchée sur les crimes commis par leurs responsables dans les centres de détention en Afghanistan, au cœur du conflit. « guerre contre le terrorisme » lancée par l’administration de George W. Bush. Elle a également subi d’intenses pressions lorsqu’elle a voulu discuter d’allégations contre des ressortissants britanniques dans le contexte du conflit irakien et de l’occupation de ce pays de 2003 à 2008. Et la Cour fait désormais face à l’opposition russe en raison des poursuites judiciaires contre Vladimir Poutine. Le procureur et plusieurs juges de la Cour, particulièrement menacés, vivent sous protection rapprochée. Est-il alors très raisonnable d’ouvrir un nouveau front ?
LE Gardien, Le Monde et d’autres médias viennent de révéler toute l’ampleur des pressions déjà exercées par Israël contre les différents organes de cette juridiction pénale internationale.
La situation en Palestine constitue un nouveau test de vérité pour la CPI. Mais, avec sa mobilisation sur la situation en Ukraine, la passivité de la Cour face à l’autre situation de crise majeure dans le monde n’était plus acceptable. Quiconque a voyagé en Afrique, au Moyen-Orient, dans ce qu’on appelle le « Sud global », sait à quel point les procès à double standard pèsent sur la légitimité de la Cour et les valeurs défendues par les Occidentaux.
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