L’abrogation de la réforme des retraites coûterait 20 milliards d’euros aux finances publiques
La proposition de loi du Rassemblement national visant à abroger la réforme des retraites a été jugée recevable par le bureau de l’Assemblée nationale. Mais au-delà du budget que cela représenterait, un autre casse-tête se profile pour Michel Barnier.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quel imbroglio politique que le projet de loi du RN visant à abroger la réforme des retraites : le bureau de l’Assemblée étant majoritairement de gauche, et le RN n’ayant pas le droit de vote pour être reconnu recevable, cette proposition de loi du Rassemblement national a bénéficié du soutien du Nouveau Front Populaire…
Elle a été jugée recevable par le bureau de l’Assemblée mercredi 18 septembre et le texte passera en commission avant d’arriver dans l’hémicycle le 31 octobre. De quoi donner quelques sueurs froides à Michel Barnier, d’autant que le groupe La France Insoumise a également prévu d’utiliser sa niche parlementaire pour déposer son propre projet de loi en novembre, visant également à faire disparaître la réforme Macron !
Le nouveau Premier ministre s’est peu exprimé sur le sujet, mais il s’est dit prêt à apporter des ajustements à la réforme. Mais il n’est absolument pas favorable à sa suppression, car une abrogation serait très coûteuse, plusieurs milliards d’euros.
Nous n’avons pas de chiffres très précis, et les calculettes chauffent, mais l’économiste Marc Ferracci, député du bloc central qui a basé ses calculs sur les données de l’étude d’impact du gouvernement, est très pessimiste. Si on abroge la réforme dans son intégralité, c’est-à-dire si on supprime tout – les mesures dites « salées », comme l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, mais aussi les mesures dites « douces » comme les régimes de carrière longue ou la revalorisation des petites retraites -, il estime que cela coûterait aux finances publiques 15 à 17 milliards par an. Selon l’économiste, on perdrait des recettes, des cotisations et des impôts qui rentrent, mais il y aurait aussi des dépenses supplémentaires, car il faudrait payer des retraites supplémentaires, puisque les gens partiraient à la retraite avant 64 ans.
Si on supprime seulement les mesures « salées », c’est-à-dire l’abaissement de l’âge ; mais qu’on garde les mesures « sucrées », il est important d’ajuster ce chiffre, car c’est probablement ce que demanderont le RN ou le NFP. La facture s’élèverait à 20 milliards d’euros par an, d’ici 2030.
Dans le contexte de tensions budgétaires que l’on connaît, se priver de 20 milliards d’euros par an paraît un peu compliqué. Il faudrait trouver de l’argent ailleurs, peut-être en augmentant encore les impôts, ce qui ne manquerait pas d’alimenter encore davantage le débat.
francetvinfo