MYCHELE DANIAU / AFP
Portrait de l’abbé Pierre pris le 5 décembre 1987 à l’abbaye de Saint-Wandrille.
VIOLENCES SEXUELLES – Le masque tombe peu à peu. Sept semaines après les premières révélations chocs, l’abbé Pierre est la cible de 17 nouveaux témoignages l’accusant de violences sexuelles qui auraient été commises entre les années 1950 et les années 2000, selon un rapport du cabinet spécialisé Egaé transmis à l’AFP ce vendredi 6 septembre.
« À ce jour, il est possible d’identifier au moins 17 personnes supplémentaires qui ont subi des violences » du prêtre fondateur d’Emmaüs décédé en 2007, peut-on lire dans ce rapport, qui rapporte notamment des faits qui pourraient s’apparenter à un viol.
Le 17 juillet, le mouvement créé par Henri Grouès − son vrai nom − a fait des révélations choquantes dans un rapport faisant état d’agressions sexuelles commises par le prêtre. La Croix Les témoignages recueillis par les enquêteurs indiquent que ces comportements étaient connus au sein des associations gérées par Emmaüs. Preuve en est ces nouveaux témoignages, dont la plupart proviennent d’anciens ou actuels bénévoles ou salariés d’Emmaüs et de ses différentes structures.
« Contact sexuel avec un enfant »
Ce vendredi, le groupe Egaé, chargé depuis le 17 juillet par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre de recueillir de potentiels nouveaux témoignages, a indiqué avoir reçu une cinquantaine de courriels et une vingtaine de messages téléphoniques en date du 2 septembre. Egaé a indiqué avoir recueilli 17 témoignages (12 directs et 5 indirects) concernant des violences sexuelles commises sur des femmes mineures et majeures. Ces témoignages s’ajoutent donc aux sept déjà rendus publics durant l’été.
De nouvelles preuves suggèrent des contacts « non sollicité sur les seins »de « baisers forcés »de « fellations forcées » de « contacts sexuels répétés avec une personne vulnérable », « actes répétés de pénétration sexuelle » ou même de « contact sexuel avec un enfant ».
Les faits, étalés sur plus de 50 ans, se sont déroulés pour l’essentiel en France, mais aussi aux Etats-Unis, au Maroc et en Suisse. Et s’il n’existe pas de profil type parmi les victimes présumées, les témoignages incluent régulièrement des personnes qui sont ou ont été bénévoles d’Emmaüs, des employés des lieux où l’abbé Pierre a séjourné, des membres de la famille proche du prêtre ou des personnes rencontrées lors d’événements publics.
La Fondation Abbé Pierre fait bouger les choses
De quoi finir de ternir l’image de celui qui était devenu peu à peu une figure importante de la lutte contre la pauvreté et le mal-logement en France. De plus, dans un geste de « soutien complet « Envers les victimes, la Fondation Abbé Pierre a indiqué ce vendredi qu’elle allait définitivement changer de nom pour en retirer le nom du prêtre catholique français.
Par ailleurs, la Fondation Abbé Pierre a annoncé son intention de fermer définitivement le lieu de mémoire qui lui est entièrement consacré à Esteville. C’est dans ce modeste village de Seine-Maritime qu’il a été inhumé en 2007, après y avoir passé plusieurs années de sa vie.
Ce n’est pas tout pour la Fondation Abbé Pierre, déterminée à faire la lumière sur les agissements de son fondateur : une commission d’experts indépendants va également être mise en place. « notamment pour comprendre et expliquer les dysfonctionnements qui ont permis à l’abbé Pierre d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans »ont indiqué les organisations dans un communiqué conjoint.
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