La voiture électrique est déjà en difficulté en France (et Tesla est durement touchée)

Le marché de la voiture électrique n’est pas dans une forme olympique en France. Les statistiques du mois de juin ne compensent pas un début d’année en demi-teinte. Les immatriculations de véhicules neufs sont même en baisse de 11% par rapport au mois précédent, selon les données publiées par AAA Datas le 1er juillet. Si les acteurs du marché automobile espéraient un rebond avant l’été, il faudra encore patienter. Enfin, si la nouvelle donne politique n’alourdit pas encore les perspectives.

Le leasing social, avec ses voitures électriques entre 40 et 150 € par mois pour les ménages modestes, continue de faire croire que tout va bien. Malheureusement, en dehors de cette mesure gouvernementale largement subventionnée, les constructeurs semblent souffrir, notamment Tesla, qui a vu ses immatriculations divisées par deux par rapport à juin 2023.

Renault Mégane e-tech en tête des immatriculations françaises

Après une longue domination de la Peugeot e-208 depuis le début de l’année, c’est au tour de la Renault Mégane e-tech de prendre la tête du classement des voitures électriques du mois de juin. Avec 3 257 unités immatriculées le mois dernier, il s’agit même d’un record pour la marque sur le marché français.

Ce regain d’intérêt pour le modèle Renault est probablement porté par le leasing social du début d’année. Le modèle était proposé à partir de 150 €/mois. La baisse des prix en janvier, avec des tarifs démarrant à 34 000 €, a peut-être aussi porté ses fruits.

Tesla sur le podium, mais avec de faibles volumes

La fin du trimestre est globalement animée chez Tesla pour les Model Y et Model 3. Toutefois, ce mois de juin 2024 n’est pas vraiment exceptionnel pour la marque, par rapport à l’année 2023 :

Le Model Y – star des ventes internationales – a vu ses volumes d’immatriculation chuter de 50 % par rapport à juin de l’année dernière, et le Model 3 a même atteint 54 % de moins par rapport à 2023. Enfin, ces chiffres sont toujours bien meilleurs qu’en mai, quand le Model Y n’atteignait que 1 419 immatriculations et le Model 3 seulement 763.

La berline Model 3, malgré un prix attractif, souffre de l’absence de bonus de l’Etat sur le marché français. L’éventuelle hausse de son prix, due à l’augmentation des droits de douane européens pour les modèles produits en Chine, pourrait bien aggraver la situation de ce modèle, pourtant apprécié des clients.

Stellantis se console en regardant le cumul des 6 premiers mois

Pour une fois, Stellantis doit céder sa place sur le podium des inscriptions du mois de juin. La Peugeot e-208 n’est que 5ème, la Fiat 500e 6ème et la Citroën ë-C4 à la 9ème place du classement. Le groupe se console toutefois en conservant une belle avance en chiffre cumulé sur les 6 premiers mois de l’année, notamment pour le e-208 qui conserve sa première place avec 17 341 unités déjà livrées.

Le groupe Stellantis a récupéré la plus grande part des voitures électriques grâce au leasing social. Les livraisons continuent aux clients. Pour éviter de voir les ventes s’effondrer à l’issue de celles-ci, le groupe continue de proposer des offres de leasing assez attractives. Notamment avec la Fiat 500 e à partir de 99 €/mois.

Le reste du classement pour juin 2024

Sans subventions, le marché des véhicules électriques peut-il encore résister ?

Si l’on supprime les immatriculations liées au leasing social, subventionné à hauteur de 13 000 € par le gouvernement, il ne reste plus grand chose pour les autres modèles et les autres acquéreurs. Cette mesure a littéralement cannibalisé les ventes sur ce premier semestre 2024.

Un constat assez similaire est fait lorsque l’on s’intéresse aux modèles qui ont perdu le bonus écologique en 2024. Les voitures électriques produites en Chine sont globalement en perte de vitesse, malgré les rabais accordés par les constructeurs concernés. Même si l’on peut observer quelques à-coups pour la MG4 en juin, il ne s’agit probablement que d’une anticipation de la hausse des droits de douane en juillet. Le reste des constructeurs chinois payent particulièrement cher la politique protectionniste de la France.

Le climat politique a également créé beaucoup d’attentisme en termes de décisions d’achat. Le résultat des élections européennes et celles à venir pour les législatives pourraient bien ralentir encore davantage le marché. Pour l’instant, les voitures électriques maintiennent leur part de marché inchangée, mais un gouvernement qui réduirait les subventions aux véhicules électriques stopperait sans doute une grande partie des ventes.

On ne peut également exclure que les clients attendent les grandes nouveautés de l’année : Renault Scénic e-tech, Peugeot e-3008/e-5008, Citroën e-C3 ou encore Renault 5. La R5 n’aura d’effet que pour l’année 2025, mais les autres modèles pourraient déjà relancer un peu le classement des inscriptions à la rentrée 2024.

Si le gouvernement a voulu favoriser les constructeurs européens, il a surtout réussi à briser la dynamique du marché de la voiture électrique. Une tendance à suivre dans notre newsletter Watt Else :

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