« La vocation même du stade Matmut remise en cause », selon son exploitant
La défaite des Girondins de Bordeaux FC plonge le stade Matmut Atlantique dans la plus grande confusion. Rétrogradé, le club n’aura pas les moyens de jouer dans ce grand stade pour lequel il verse à la Métropole de Bordeaux (propriétaire) un loyer de 4,7 millions d’euros par an, et à son exploitant SBA (Stade Bordeaux Atlantique, filiale de Vinci et Fayat) une redevance de mise à disposition…
La faillite des Girondins de Bordeaux FC a plongé le stade Matmut Atlantique dans la plus grande confusion. Rétrogradé, le club n’aura plus les moyens de jouer dans ce grand stade pour lequel il verse à la Métropole de Bordeaux (propriétaire) un loyer de 4,7 millions d’euros par an, et à son exploitant SBA (Stade Bordeaux Atlantique, filiale de Vinci et Fayat) une redevance de mise à disposition pour chaque match. C’est encore plus vrai en cas de liquidation du club.
Le risque de voir les Girondins quitter le Matmut Atlantique n’a jamais été aussi évident. Le stade se retrouverait sans occupant. Une éventualité annoncée dès le début des années 2010 par les opposants à Alain Juppé, lors des débats houleux sur le très controversé projet de construction du « grand stade de Bordeaux » en vue de l’Euro 2016 de football.
Montée menacée
Pour comprendre la situation, il faut rappeler que la Matmut a été construite par l’entreprise privée SBA, qui en est aussi l’exploitant, dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) signé jusqu’en 2045. Pour financer l’exploitation, la Métropole verse une redevance annuelle de 11 millions d’euros à SBA. L’exploitant, de son côté, rétrocède une participation à l’activité commerciale de 4,5 millions d’euros par an à la Métropole. Enfin, le club verse un loyer de 4,7 millions d’euros par an à la Métropole. C’est tout ce dispositif qui est aujourd’hui menacé, comme l’explique Loïc Duroselle, président de SBA, à « Sud Ouest ».
La SBA avait-elle anticipé cette descente aux enfers des Girondins ?
Ce qui se passe n’est malheureusement pas une surprise. Dans notre position, nous avons l’occasion d’observer de près la manière dont ce club est géré. Et nous avons reçu de nombreux signaux d’alerte ces derniers mois, notamment au travers de factures impayées et de décisions de gestion particulièrement surprenantes. Je rappelle que le FCGB a déjà frôlé la catastrophe ces dernières années, malgré un soutien financier très important de la Métropole. Ce qui est frustrant pour SBA, c’est que le sort du FCGB échappe totalement à notre contrôle, nous n’avons aucun levier sur lui, alors même que cela a des impacts majeurs sur l’avenir du stade.
Avez-vous un « plan opérationnel d’urgence » si le club quitte la Matmut ?
Non, et pour cause ! Le stade, comme le contrat de partenariat sur lequel il repose, a été structurellement conçu pour accueillir un club résident. Sans cela, sa vocation même est remise en cause. Cette situation est donc un saut dans l’inconnu pour SBA, comme pour Bordeaux Métropole. Ce n’est clairement une bonne nouvelle pour personne.
Quel impact peut-on attendre sur le fonctionnement continu du stade ?
Les répercussions seront très importantes, peut-être même existentielles. Mais il est trop tôt pour répondre précisément à cette question ; il faut d’abord que la situation du club sur le plan sportif, financier et juridique soit complètement clarifiée. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le moment venu, nous pourrons analyser, en lien avec la communauté, ce que tout cela implique pour l’avenir du stade.