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La victoire écrasante du Parti travailliste met fin à 14 ans de règne des conservateurs

La victoire écrasante du Parti travailliste met fin à 14 ans de règne des conservateurs
Keir Starmer lors d'un rassemblement à Redditch, dans le centre de l'Angleterre, le 3 juillet 2024.

C’est la fin d’une succession de quatorze années de gouvernements conservateurs au Royaume-Uni. Selon les premières estimations à la clôture des sondages, les travaillistes britanniques ont largement remporté les élections générales, jeudi 4 juillet, en remportant, selon les premières estimations, 410 sièges sur les 650 qui étaient en lice à la Chambre des communes, contre 131 sièges pour leurs rivaux, emmenés par l’actuel Premier ministre, Rishi Sunak.

Quoi qu’il en soit, c’est donc Keir Starmer, 61 ans, ancien avocat des droits de l’homme, qui sera chargé vendredi par le roi Charles III de former un gouvernement. M. Starmer, qui a ramené son parti au centre-gauche depuis qu’il a succédé à Jeremy Corbyn à la tête du Labour en 2020, a promis un retour au pouvoir. « la stabilité » et  » sérieux « avec une gestion très rigoureuse des dépenses publiques. Neuf ans seulement après son entrée en politique et quatre ans après sa prise de fonctions à la tête du Parti travailliste, il devra faire face à une aspiration considérable au changement.

« À tous ceux qui ont fait campagne pour le Parti travailliste lors de ces élections, à tous ceux qui ont voté pour nous et qui ont fait confiance à notre nouveau Parti travailliste, merci. »Keir Starmer a réagi sobrement sur X.

Les Libéraux-démocrates (centristes) seraient renforcés avec 61 députés mais la surprise du vote vient surtout du parti anti-immigration et anti-système Reform UK : il remporterait 13 sièges, une entrée bien plus retentissante que prévu pour le parti de la figure de la droite dure Nigel Farage. En revanche, les indépendantistes écossais subissent un sérieux revers avec seulement 10 circonscriptions remportées sur les 57 que compte l’Ecosse.

Les résultats devraient être connus dans la nuit, mais les sondages de sortie publiés à la fermeture des bureaux de vote ne laissent guère de doute sur l’issue d’un scrutin qui ouvre un nouveau chapitre de l’histoire politique du pays. Les résultats définitifs devraient être publiés vendredi matin.

Une défaite punitive inévitable pour Rishi Sunak et son camp

Les conservateurs ont remporté 365 sièges il y a cinq ans, et le résultat de ces élections du 4 juillet pourrait être le pire du parti depuis le début du 20e siècle.

Comme les sondages l’avaient prédit tout au long de la campagne, les conservateurs sont punis après 14 années de turbulences qui ont laissé les Britanniques sur le déclin. Le Brexit a déchiré le pays et n’a pas tenu les promesses de ses partisans. Les hausses de prix des deux dernières années ont laissé des familles dans la pauvreté, et de plus en plus de familles dépendent des banques alimentaires pour se nourrir. Les gens doivent attendre des mois pour obtenir un rendez-vous au NHS et les prisons risquent de manquer de places.

Dans une atmosphère de luttes fratricides permanentes chez les conservateurs, les scandales politiques sous Boris Johnson et les erreurs budgétaires de Liz Truss, qui n’a tenu que quarante-neuf jours au pouvoir, ont fini d’exaspérer les électeurs. En vingt mois à Downing Street, leur successeur Rishi Sunak n’a jamais réussi à renverser la situation dans l’opinion. Il a tenté un dernier coup de poker en convoquant ces élections en juillet sans attendre l’automne comme beaucoup le pensaient, mais sa campagne a été désastreuse. L’ancien banquier d’affaires et ministre des Finances de 44 ans a accumulé les bourdes et a semblé manquer de sens politique, écourtant sa présence aux célébrations du 80e anniversaire du débarquement de Normandie et tardant à réagir aux soupçons de paris frauduleux dans son camp sur la date des élections. Face à l’inévitable défaite, son camp en était réduit ces derniers jours à alerter sur le risque d’une « super majorité » laissant le Labour sans contre-pouvoirs.

Le Brexit, sujet tabou de la campagne

En face, Keir Starmer met en avant ses origines modestes – mère infirmière et père outilleur – contrastant avec son adversaire multimillionnaire. Peu charismatique mais déterminé, il promet de transformer le pays comme il a redressé le Labour, en le recentrant sur le plan économique et en luttant contre l’antisémitisme : méthodiquement, sans spectacle ni état d’âme. Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne – sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne.

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« Peu importe la taille de la majorité »La numéro deux du Parti travailliste, Angela Rayner, l’a assuré sur ITV après la publication des sondages de sortie. « Ce qui compte, c’est le mandat de Keir Starmer, que nous puissions aller de l’avant et tourner la page du chaos et du déclin que nous avons connus sous les conservateurs. ».

Keir Starmer doit faire sa première apparition internationale la semaine prochaine à l’occasion du sommet du 75e anniversaire de l’OTAN à Washington. Il devrait dans l’ensemble poursuivre la politique étrangère britannique actuelle. Lors de son dernier voyage de campagne mercredi, il a assuré que son gouvernement se mettrait immédiatement au travail, reconnaissant : « Nous ne bénéficierons d’aucun délai de grâce. »

Le Monde avec l’AFP

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