la vérité 45 ans après la mort de l’ancien ministre ?
La théorie du suicide validée par la justice, 45 ans de doutes familiaux et une autre vérité peut-être après un ultime et in extremis coup de théâtre ? L’enquête sur l’affaire Boulin – du nom de ce ministre RPR retrouvé mort dans un étang de Rambouillet (Yvelines) en octobre 1979 – a été discrètement relancée en juin 2023 grâce à un nouveau témoignage, a confirmé le parquet de Versailles le 30 août.
Vendredi, plusieurs médias sont revenus plus en détail sur le profil de ce témoin entendu en 2022 et dont le témoignage donné peu avant que la justice ne rejette l’information judiciaire ouverte pour « enlèvement et assassinat » sur la mort de Robert Boulin, ministre du Travail (sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing) et adjoint au maire de Libourne (Gironde).
« Révéler ce que je sais »
« Avant de passer l’arme à gauche, je me devais de lui révéler ce que je sais », assure le témoin dans un podcast de France Inter, en référence au combat mené par Fabienne Boulin-Burgeat qui n’a jamais cru à la noyade après ingestion de barbituriques. La plainte de la fille de l’ancien ministre, en 2015, a entraîné la réouverture du dossier.
Le même témoin dit avoir entendu une conversation entre des hommes qu’il pense être des membres du SAC (Service d’action civique), le service de sécurité du parti gaulliste souvent chargé de basses besognes, fondé en 1958 et dont Charles Pasqua avait été l’un des premiers dirigeants.
« Pris de panique, nous l’avons jeté dans l’étang. »
La discussion remonterait à 1979 et aurait eu lieu dans un club libertin de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), fréquenté par les milieux parisiens et, selon lui, par un certain Pierre Debizet, responsable du SAC. Le témoin affirme que les gens ne s’y retrouvaient pas « juste pour s’amuser », explique encore la radio. Et les échanges qu’il a rapportés à la justice étayent la thèse d’une mort violente, selon la même source. Concrètement, le responsable du SAC aurait donné l’ordre de « faire danser Robert Boulin ».
Mais l’opération s’est apparemment mal passée : « Le chef du commando a dit à Debizet ‘Il a fait un arrêt cardiaque, il est mort dans nos bras, et, dans la panique, nous l’avons jeté dans l’étang de Montfort-l’Amaury’. Ils n’ont pas directement cité le nom de Boulin, j’ai fait le rapprochement dans les jours qui ont suivi », assure le même témoin.
Reste également à déterminer les motivations du commando du SAC : des ambitions politiques pouvant potentiellement faire de l’ombre à Jacques Chirac (alors chef du RPR) ont été évoquées par une source du dossier. Robert Boulin était impliqué dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var). Il s’apprêtait à répondre à ces accusations. 45 ans plus tard, tous les protagonistes de l’affaire sont morts.
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