La Turquie et le Qatar ont créé une « flotte commune » d’avions de chasse, équipés de Rafale et de F-16
En 2021, quatre Rafale de l’armée de l’air qatarie (QEAF) ont participé pour la première fois à l’exercice « Anatolian Eagle », organisé sur la base aérienne turque de Konya. Cinq JF-17 « Thunder » pakistanais ont également été invités. Aussi, la Turquie et le Pakistan ont été soupçonnés de profiter de cette occasion pour évaluer les performances des avions de combat français, acquis par la Grèce et l’Inde. A noter que la Chine a utilisé la même procédure en invitant des Mirage 2000-9 émiratis à ses manœuvres « Falcon Shield ».
« Le but de ce genre d’exercice est d’interagir, et plus on interagit, plus on montre à l’autre ses capacités », expliquait un pilote français à l’hebdomadaire Le Point en juillet 2021. Mais, relativise-t-il, les Qataris « n’ont aucun intérêt à montrer toutes leurs capacités, ni leurs éventuelles vulnérabilités, même à un pays qu’ils considèrent comme un allié ».
Or, alors que se déroulait l’exercice « Anatolian Eagle », le Parlement turc votait un accord entre Ankara et Doha, valable cinq ans, qui autorisait la QEAF à déployer jusqu’à 36 avions et 250 militaires en Turquie. Et ce à des fins « d’entraînement et de préparation à la guerre ». Mais à condition que chaque vol des avions qataris soit effectué sous la surveillance de l’armée de l’air turque…
Mais les deux pays sont allés plus loin encore. Le 27 août, à l’issue d’une visite dans l’émirat du général Ziya Cemal Kadıoğlu, chef de l’armée de l’air turque, ils ont annoncé la création d’un escadron de chasse commun, qui sera basé sur la base aérienne de Dukhan (Qatar).
Selon le site spécialisé turc SavunmaSanayiST, cette « flotte turco-qatari » sera équipée d’au moins six F-16 appartenant à l’armée de l’air turque. Et de préciser que la QEAF mettra à disposition de cette unité conjointe des Rafale. Or, les photographies publiées à l’occasion de cette annonce montrent également des Eurofighter Typhoon, un type d’appareil que la Turquie envisage d’acquérir.
« La Turquie souhaite élargir le partage des connaissances et des expériences communes à travers des études, des formations et des exercices avec les forces armées du Qatar. La flotte commune turco-qatarie nouvellement créée est l’un des derniers éléments de cette politique », explique Savunma Sanayi ST.
Quoi qu’il en soit, proches sur le plan politique, idéologique et donc diplomatique, la Turquie et le Qatar entretiennent depuis longtemps également d’excellentes relations sur le plan militaire. Ainsi, en 2017, le Parlement turc a approuvé le déploiement permanent de troupes dans l’émirat.