Le sélectionneur du XV de France a dénoncé, vendredi dans L’Equipe, des faits « inacceptables » et a mis en place un nouveau cadre de vie pour les joueurs.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Il s’est exprimé pour la première fois depuis cet été. Dans une interview accordée à nos confrères de L’équipe (version abonné), Vendredi 25 octobre, le sélectionneur Fabien Galthié est revenu sur les différents événements qui ont touché le XV de France ces derniers mois, entre Oscar Jegou et Hugo Auradou, accusé de viol en Argentine, puis Melvyn Jaminet, suspendu 34 semaines pour déclarations à caractère raciste. Des faits décrits comme« inacceptable » de Fabien Galthié.
Pour la Coupe des Nations d’Automne, Fabien Galthié a présenté le nouveau « cadre de vie » du groupe. « JEIl y a trois points saillants dans la charte. D’abord le rapport à l’alcool. Sans autorisation, c’est interdit. Le point 2 concerne l’automédication. Tout doit être déclaré. Enfin, le troisième point interdit la présence de personnes étrangères dans notre espace de vie, sauf autorisation. Tout le monde a dit oui, il explique. Sa mise en œuvre sera assurée par Raphaël Ibañez, le sélectionneur du XV de France.
Interrogé sur l’absence d’encadrement jusqu’à présent en équipe de France, Fabien Galthié a précisé que les mesures mises en place précédemment ont « a très bien fonctionné pendant cinq ans. Mais au fil du temps, ce mécanisme qui fonctionnait sur la co-construction, mais aussi sur l’expérience et la confiance, a glissé lentement pour arriver à ce qui s’est passé à Mendoza. note l’entraîneur, qui « ne se sent pas affaibli » par ces affaires.
« C’était une très jeune équipe, il continue, avec peu d’expérience internationale, une sélection faite au dernier moment, avec une moins bonne connaissance des joueurs et une moins bonne préparation de ce milieu de vie. Cela nous a conduit à ces accidents, à ces faits divers. Les faits sont là, il n’y a rien à dire, ils sont inacceptables. » « S’il y a a eu des abus ou des erreurs inacceptables », cependant, ce n’est pas nécessaire « ne pas stigmatiser quelques instants sur cinq années de vie commune, 52 matches, 80 semaines. Il y a des moments de fragilité, c’est clair, et il faut avoir beaucoup d’humilité là-dessus », nuance-t-il toujours dans les colonnes de L’équipe.
Plus généralement, Fabien Galthié a pris le temps de revenir sur « la coutume »ou plutôt la fameuse troisième mi-temps, et son importance au sein du rugby, très ancré dans la tradition et la culture de ce sport de combat collectif. « Quand je vois comment on mesure tout au mètre près, au gramme près avec notre nutritionniste… Je passe des heures à étudier une stratégie, un scénario et, finalement, la coutume peut tout balayer. Ce que j’appelle la coutume, c’est la troisième moitié », note-t-il.
« On sait très bien que si on fait une soirée alcoolisée, cela double l’effet du match, en termes de déshydratation et de fonte musculaire. Vous ne pouvez donc pas vous entraîner comme vous l’aviez prévu. Une profonde réflexion est nécessaire. Je dis profond parce que tout ça, ces coutumes, sont très ancrés (…) On a essayé de comprendre pourquoi ça s’est passé comme ça, et comment repenser notre manière de vivre le rugby. analyse le coach qui cherche à « comprendre notre sociologie, la sociologie de la société, échanger avec des anthropologues. Ce que j’ai commencé à faire. » En ajoutant que vivre en ermite, « ça ne marche pas. »
« Nous préparons ces joueurs à dépasser leurs limites. Constamment. Dans leurs clubs, en équipe de France. Pour être plus forts, pour aller plus vite, pour ne pas avoir peur, pour relever des défis incroyables. Et ils le font. On a peut-être cru qu’une fois La fin du match était sifflée, nous prenions une douche et redevenions facilement des gens normaux. »
Fabien Galthié, sélectionneur du XV de Francedans une interview à L’Equipe
« Une fois qu’on a poussé les curseurs de performance physique, psychologique, intellectuelle, analytique, d’un coup on s’arrête. On enfile le costume et on redevient des gens normaux. C’est ce qui est en jeu. » pose Fabien Galthié. « On a négligé le problème de ce retour à la normale quand les endorphines sont au maximum », continue-t-il. Comment redescendre ? Comment redevenir des personnes normales ? Ces joueurs vivent dans un rapport de force permanent pour gagner leur place et ils continuent ce rapport de force le soir parce qu’il y a cette culture du non-décrochage (…).»
Toujours en contact avec Oscar Jegou, Hugo Auradou et Melvyn Jaminet, Fabien Galthié leur a demandé de s’impliquer. « Ils ont un grand travail de témoignage à accomplir auprès des jeunes. Je leur ai dit : ‘Faites-le, cela vous fera du bien et cela nous fera beaucoup de bien aussi’. » a-t-il finalement annoncé alors que les Bleus joueront leur premier match de la Coupe d’automne des nations le 9 novembre, contre le Japon, au Stade de France.