La treizième « petite soirée sympa entre amis » s’arrête au péage pour ce concessionnaire vendéen
Par
Nicolas Pipelier
Publié le
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Un jeune automobiliste de La Roche-sur-Yon (Vendée) a été reconnu coupable, mercredi 13 novembre 2024, de « transport de stupéfiants » et de « blanchiment » par le tribunal correctionnel de Nantes, en comparution immédiate, après avoir été contrôlé le 10 novembre 2024. par les douaniers au péage de Bignon (Loire-Atlantique) avec deux tampons de résine de cannabis sous le siège avant et 25 000 € dans un liquide collé à son abdomen.
Arthur XXX, 21 ans, a été condamné pour ces faits à douze mois de prison, auxquels s’ajoutent deux mois de prison initialement avec sursis le 16 octobre 2023 par la justice. Tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne (Vendée) pour « offre ou cession » de stupéfiants. Considéré comme « un récidiviste », il a été maintenu en détention à l’issue de l’audience et sera interdit de retour en Loire-Atlantique pendant trois ans.
Sur le plan financier, cet intérimaire qui vit avec son père s’est vu confisquer les 25 000 € qu’il avait sur lui le jour des faits et devra quand même verser la même somme au Trésor public à titre d’amende douanière pour son seul délit de « blanchiment ».
Il devra également payer deux amendes de 1 573 euros – le montant de sa marchandise – pour les délits de « détention » et de « transport » de stupéfiants. Les 550 € retrouvés lors de la perquisition au domicile de son père ont également été conservés par la justice.
Pour ces faits, le jeune Vendéen risquait théoriquement « vingt ans de prison » et amendes douanières qui pourrait aller jusqu’à « dix fois le montant de la marchandise », lui a immédiatement rappelé le président du tribunal correctionnel de Nantes.
Un « sac en plastique blanc lui colle au ventre »
Arthur XXX avait en effet été interpellé au volant de la Clio 5 de son père, vers 19h45, alors qu’il arrivait au péage de Bignon et se rendait avec un ami de 20 ans « manger dans un restaurant à Nantes », il a dit aux douaniers. N’ayant « rien à déclarer », il a fait l’objet d’une « palpation » qui a permis de retrouver « un sac en plastique blanc collé contre son abdomen » et transportant ses « économies personnelles » de 25 000 €. LE 183,38 g de résine de cannabis ont ensuite été découverts par les douaniers sous le siège de la Clio5.
« Cela fait beaucoup d’économies pour quelqu’un qui n’est qu’un intérimaire à 21 ans », grogne le président du tribunal à propos de cette « petite soirée sympa entre amis » qui s’est terminée courtement.
La perquisition effectuée au domicile du père d’Arthur XXX permettra en effet de retrouver une balance de précision « avec de petits dépôts bruns », a-t-elle souligné, et la géolocalisation du le téléphone portable du prévenu a mis en avant douze voyages en un mois depuis La Roche-sur-Yon vers « Nantes, Paris et Les Sables d’Olonne ».
Le jeune Vendéen n’avait cependant pas de « motif particulier » pour venir à Nantes puisqu’il n’a « ni famille ni proches » dans la région nantaise, a relevé le magistrat. Ce jeune intérimaire « dans les usines » n’avait pas non plus de « déplacement professionnel » qui aurait pu expliquer ses visites.
Son téléphone indiquait également qu’il rendait souvent visite rue Antoine-Watteau à Nantesun « deal point connu » à Nantes. « Le restaurant ne devait pas être très bon, car vous n’êtes resté que quelques minutes… A moins que ce ne soit un Mc Do ? » s’est moqué le juge.
Arthur XXX avait également fait un « voyage un peu éclair » du même type à Vannes (Morbihan) et n’était pas resté plus longtemps « même s’il y a de belles choses à voir à Vannes », a encore une fois regretté le président. du tribunal correctionnel de Nantes.
« Il demande la clémence au tribunal, mais ne dit rien »
Ce titulaire d’un baccalauréat professionnel commerce, actuellement « au chômage », avait donc demandé la « clémence » des juges : son casier judiciaire faisait état de deux condamnations, l’une pour « violences aggravées » et l’autre pour « offre ou transfert de stupéfiants ».
«Aujourd’hui, il demande au tribunal de faire preuve de clémencemais il ne dit rien », a répondu le procureur. « Or, quand on ne dit rien, c’est qu’on a choisi la cause du trafic… Il n’y a aucune clémence à avoir pour ces délits extrêmement graves : cela corrompt la société, générant de graves violences dans les quartiers. »
« Quand on est habitué à l’argent facile, c’est difficile de se lever le lendemain à 6 heures du matin pour aller travailler », a ajouté le représentant du parquet. Dans ces conditions, il avait exigé quinze mois de prisonla révocation des deux mois de prison avec sursis aux Sables d’Olonne en octobre 2023 et le maintien en détention.
« Ce n’est pas le profil type du délinquant : il a un projet de mariage avec sa petite amie », a objecté l’avocat de la défense, Me Oona Ah-Thion. « C’est probablement son profil qui a attiré les personnes qui lui ont demandé de faire ce transport. »
L’ami qui l’accompagnait ce soir-là, qui n’était « pas du tout au courant » de ses activités et qui a été « dissimulé » par le prévenu principal lors de son retenue douanièrede son côté, il a été inculpé d’une simple accusation pénale pour « consommation » de stupéfiants.
La Clio 5 du père du prévenu – qui travaille comme assistante médico-psychologique (AMP) dans un hôpital – n’a pas non plus été confisquée par la justice alors qu’elle aurait pu l’être puisqu’elle a « contribué à la commission de l’infraction », avait souligné le président du tribunal.
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