La tech entre dans l’ère de la frugalité, Alphabet déçoit

Alphabet, société mère de Google et YouTube, a déçu jeudi avec des revenus en légère baisse à 76 milliards de dollars au quatrième trimestre 2022, alors que les géants de la technologie semblent entrer dans l’ère de la frugalité après avoir licencié des milliers de personnes.

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Son bénéfice net est inférieur aux prévisions des analystes à 13,6 milliards de dollars, contre 20,6 milliards de dollars l’an dernier, selon sa publication des résultats.

Le titre de numéro un mondial de la publicité en ligne a perdu plus de 4% lors des échanges électroniques après la clôture des marchés.

« Il est clair qu’après une période d’accélération significative des dépenses numériques pendant la pandémie, le climat macro-économique s’est compliqué », a reconnu d’emblée Sundar Pichai lors de la conférence téléphonique, aux analystes.

Les revenus publicitaires du groupe californien ont chuté exceptionnellement sur un an : 59 milliards de dollars pour Google (-3,6%) et moins de 8 milliards de dollars pour YouTube (-7,8%).

Quant à l’activité cloud (informatique à distance), elle a réalisé un chiffre d’affaires de 7,3 milliards de dollars, en deçà des attentes.

Il y a dix jours, dans le sillage d’Amazon, Meta et Microsoft, Alphabet annonçait un plan social d’envergure : environ 12 000 emplois supprimés dans le monde, soit un peu plus de 6 % de ses effectifs totaux.

« Situation précaire »

« Google est dans une position précaire », a commenté Evelyn Mitchell d’Insider Intelligence. « Ses licenciements récents sont un signe clair que ses bénéfices sont faibles. »

L’analyste souligne que les marchés s’intéressent particulièrement à YouTube, « dont les revenus publicitaires ont baissé pour la première fois au troisième trimestre ».

La plateforme vidéo fait face à la concurrence des formats longs, avec des services de streaming comme Netflix, et des formats courts et captivants imposés par le très populaire TikTok. Il a également dû s’adapter aux évolutions réglementaires d’Apple, qui limitent sa capacité à collecter des données pour vendre de la publicité ciblée.

« Même la publicité sur le moteur de recherche et les services +cloud+ (…), piliers financiers » d’Alphabet, souffrent de la concurrence d’Amazon (qui ronge progressivement des parts de marché dans la publicité digitale) et des mauvaises conditions économiques, ajoute Evelyn Mitchell.

Elle estime que Google générera plus de 180 milliards de dollars de revenus publicitaires en 2023, et captera ainsi 28,8 % du marché mondial.

» Sous pression «

Snap (Snapchat) et Meta (Facebook, Instagram) avaient déjà annoncé la couleur avec leurs résultats trimestriels, publiés mardi et mercredi : les deux sociétés attirent toujours plus d’utilisateurs, mais leurs profits plongent.

Snapchat compte désormais 375 millions d’utilisateurs quotidiens – 17% de plus qu’à fin 2021 – qui passent de plus en plus de temps à interagir, selon l’application mobile. Mais la société a subi des pertes nettes de 288 millions de dollars, contre un bénéfice net de 23 millions de dollars il y a un an.

Quant à Meta, son bénéfice pour la période cruciale des fêtes a été réduit de moitié à 4,65 milliards de dollars. Et en 2022, ses revenus publicitaires ont chuté pour la première fois depuis l’introduction en bourse du géant des médias sociaux en 2012.

Mais le marché a été rassuré par des résultats meilleurs que prévu, et des promesses de sobriété de Mark Zuckerberg, le patron de l’entreprise.

Il souhaite que 2023 soit « l’année de l’efficacité » et a précisé lors de la conférence téléphonique avec les analystes mercredi que Meta cherchait à « supprimer certains niveaux, certains postes de management intermédiaire pour accélérer la prise de décision ».

L’analyste de Wedbush, Dan Ives, affirme que les licenciements dans l’industrie technologique « s’accéléreront pour réduire les dépenses », que la publicité numérique restera « sous pression » et que les entreprises feront preuve de « prudence quant à leurs prévisions pour l’année ».

Attention qui a coûté des points Microsoft la semaine dernière.

Le marché a été déçu que le groupe informatique table sur des revenus compris entre 50,5 et 51,5 milliards de dollars, en raison d’une demande plus faible qu’en 2022 pour les ordinateurs personnels. Et la croissance du cloud devrait continuer à ralentir après des années de croissance effrénée.