La taxe contre le tourisme de masse est-elle finalement inefficace ?
Le tourisme de masse menace certains pays, qui se retrouvent fragilisés par l’afflux touristique important. Pour réduire l’afflux de visiteurs, nombre de ces pays ont mis en place des taxes visant à dissuader les voyageurs. Cependant, même si ces dispositions ont augmenté le coût des voyages, elles n’ont pas eu l’effet escompté. Le flux de visiteurs a continué à augmenter dans ces lieux touristiques, malgré les taxes.
L’Europe pionnière de la taxe contre le tourisme de masse
En Europe, cette mesure commence progressivement à s’implanter, notamment à Venise qui vient de renouveler sa taxe d’entrée en appliquant une augmentation. Alors que le ticket d’entrée pour visiter la ville était initialement de 5 euros et ne concernait que certaines périodes, celui-ci passera à 10 euros à partir de 2025. De plus, les jours concernés par cette taxe seront doublés. Même si ces impositions ne réduisent pas, selon les chiffres, les flux de touristes, elles ont néanmoins un impact sur leur comportement. Selon Guy Raffour, fondateur du cabinet d’études Raffour Interactif, spécialisé dans le tourisme et l’e-tourisme, ces taxes ont incité les voyageurs à adopter une « une gestion touristique plus raisonnée. »a-t-il expliqué dans les colonnes du Figaro Voyages. A Venise par exemple, après les 11 jours de test de cette mesure lancés en 2024, la fréquentation a augmenté de 10 000 personnes par jour par rapport à l’année précédente.
Venise est loin d’être un cas isolé. A Bali, depuis février 2024, les visiteurs non indonésiens doivent s’acquitter d’une taxe de 150 000 roupies à l’entrée, soit environ 9 euros. Les fonds collectés grâce à cette taxe sont dédiés à la préservation du patrimoine et à la protection de l’environnement, notamment à la gestion des déchets, problème récurrent dans la région. Selon Guy Raffour, si cette taxe est trop faible, elle ne ralentira pas les touristes. A l’inverse, s’il est trop élevé, il ne touchera que les voyageurs aux revenus modestes, tandis que les plus aisés pourront se le permettre.
Autres mesures plus efficaces adoptées par certains pays
En plus d’augmenter les taxes, certains pays ont mis en place des mesures alternatives pour limiter le flux de visiteurs. Il apparaît que certaines de ces dispositions sont bien plus efficaces que les impôts. C’est le cas de la ville d’Amsterdam, qui a décidé d’interdire les bateaux de croisière de son centre-ville pour réduire le tourisme de masse. Il a également interdit la construction de nouveaux hôtels. « Nous voulons rendre et maintenir la ville vivable pour les résidents et les visiteurs. Cela signifie : pas de tourisme excessif, pas de nouveaux hôtels et pas plus de 20 millions de nuitées touristiques par an. », déclarait la ville dans un communiqué en avril 2024. Grâce à ces dispositions, la capitale des Pays-Bas a pu réduire le nombre de touristes britanniques de 22 % depuis 2019.
Ces mesures pourraient porter leurs fruits à Venise. Selon le géographe Rémy Knafou, réduire les capacités d’accueil serait la clé pour mettre fin au surtourisme. « A Venise, nous ne faisons pas ce qui est le plus efficace, à savoir réduire les capacités d’accueil », explique-t-il au Figaro Voyages.