Les voitures électriques ont sillonné la France cet été et le nombre de sessions de recharge a explosé sur les aires d’autoroutes. En juillet, TotalEnergies a observé une forte hausse (+127% sur un an) du nombre de sessions de recharge sur ses sites de forte puissance sur autoroutes et voies rapides, tandis que le nombre de ces bornes a doublé sur la même période.
Du 1er au 18 août, dans ses 128 stations autoroutières, le nombre de séances a doublé en un an. Le nombre de kWh vendus a augmenté de 110 %. Traduction ? Les automobilistes facturent plus cher, parce qu’ils ont des batteries plus grosses ou parce qu’ils vont plus loin.
L’opérateur Ionity a enregistré 70% de sessions de recharge supplémentaires lors des principaux week-ends d’été, notamment sur les lignes du Nord-Est vers la Méditerranée. A Montélimar-Est, sur l’autoroute A7, l’une de nos stations les plus fréquentées l’été dernier, nous avons doublé la capacité de recharge avant les vacances de cette année « , a déclaré à l’AFP Torsten Kiedel, PDG de cette entreprise soutenue par de grands constructeurs comme Volkswagen et Hyundai.
Terminaux relativement accessibles
» Concernant l’attente en gare, c’est un phénomène qui peut se produire en période de pointe car le trafic est plus constant, mais Ionity n’a pas constaté d’attente majeure cet été. « , souligne-t-il. S’il reste encore quelques zones blanches dépourvues de bornes de recharge, la France fait partie des pays les mieux équipés au monde au vu du nombre de voitures électriques sur ses routes – 17,4% du marché français au premier semestre avec près de 159 000 immatriculations – selon le cabinet Roland Berger.
Mais qu’en disent les usagers ? Sur la commune cardinale de Lançon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), les automobilistes se sont relayés jeudi autour des 16 bornes de recharge ultra-rapides (plus de 150 kilowatts de puissance) de TotalEnergies. L’une d’entre elles ne fonctionnait pas ce jeudi.
» Je n’ai jamais eu de problèmes avec les bornes de recharge, je n’ai jamais eu à faire la queue « , raconte Michaël Pradayrol, 53 ans, organisateur d’un festival à Millau (Aveyron). Il recharge son van Mercedes, prêté par un sponsor, à 95 % en 25 minutes. » C’est ma première expérience « avec une voiture électrique, explique-t-il. » En général, sur les autoroutes, c’est encore bien desservi, contrairement aux petites villes. »
» En général, les terminaux fonctionnent bien. « Je suis très contente de mon séjour à Barcelone, je …
Des prix élevés…
» Nous avons également remarqué que c’était un peu cher. » Sur autoroute, nuance-t-il. Entre 0,49 et 0,59 euro le kWh. Une batterie peut avoir 30, 40, 50 kWh, ou plus. Recharger sa voiture à domicile revient moins cher. Sur autoroute, il faut compter en moyenne 19,75 euros pour 100 km parcourus, selon TotalEnergies, soit plus cher que pour la plupart des véhicules thermiques.
Des opérateurs s’installent également à proximité des sorties d’autoroute, comme Tesla, pour éviter de payer des commissions aux sociétés d’autoroutes.
Plus de 14 000 bornes de recharge ultra-rapides (plus de 150 kilowatts) ont été installées à grands frais sur les grands axes routiers et en périphérie des villes, selon le baromètre du ministère de la Transition écologique et de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere). Pourtant, il est souvent difficile de comprendre quel tarif vous paierez au bout de 25 minutes, une charge classique sur ce type de borne. Il s’agit généralement de recharger une batterie à environ 80 % de sa capacité, pour rouler quelques centaines de kilomètres.
Le coût moyen de la recharge ultra-rapide a atteint 21,35 euros au premier semestre (pour 40 kWh, à 0,52 euro par kWh, avec frais de service) selon un rapport de l’Avere. Le prix de ces recharges a augmenté de 6,77% au cours des six premiers mois de 2024.
…Et flou
Mais certains opérateurs facturent encore au kWh et à la minute, et ce coût atteint alors 26,40 euros. Le coût d’une recharge ultra-rapide peut aussi descendre jusqu’à 17 euros en moyenne pour les utilisateurs réguliers, avec une carte ou un abonnement. Mais même avec un abonnement, le prix du kWh peut passer du simple au double, selon les terminaux, les opérateurs (TotalEnergies, Engie, Ionity) et les fournisseurs de cartes et d’abonnements (ChargeMap, Plugsurfing).
Dans un avis publié en juin, l’Autorité de la concurrence a souligné que « un déficit d’information des consommateurs » concernant le prix de la recharge, à la fois avant la recharge, pour comparer les prix, mais aussi « pour connaître le prix réellement payé « .
L’Autorité de la concurrence recommande dans son avis : imposer « aux opérateurs une tarification systématique de la recharge au kWh, sans tenir compte du temps passé au terminal, ainsi que du transport et de la » Mise à jour en temps réel, par point de recharge » de ces tarifs afin qu’ils soient comparables en ligne.
L’Autorité des transports (ART) a examiné la question, notant que ces tarifs sont une « frein à l’électrification du parc automobile « Selon l’ART, ces prix s’expliquent principalement par les coûts de construction des bornes de recharge et, parfois, par des coûts importants de raccordement au réseau électrique. Ces bornes sont encore rarement rentables, faute de voitures électriques en nombre suffisant.
Mais les appels d’offres des sociétés d’autoroutes sont aussi en cause, selon l’ART. Leur méthode de calcul les a conduites à sélectionner des opérateurs qui leur proposaient des commissions importantes sur la recharge électrique. Celles-ci atteignent 18% du chiffre d’affaires en moyenne, bien plus que les 4,2% observés pour les autres activités (carburant, restauration).
(Avec AFP)