Santé

la tactique de la tique et de ceux qui la traquent

DDans le monde, la bestiole est le premier vecteur de maladies chez les animaux et le deuxième chez l’homme. On en compte 869 espèces, dont une trentaine présentes en France. Elle pique, mais si sa morsure est indolore, elle peut avoir de graves conséquences pour l’homme. La tique, petite bête noire des promeneurs dans les champs et les forêts et des amoureux des jardins en désordre, est dans le viseur des chercheurs, notamment ceux de l’Inrae, qui la surveillent, l’analysent et l’étudient.

1 Les contours de la petite bête

La tique est un arachnide (aptère et doté de quatre paires de pattes) (1) et un arthropode hématophage, autrement dit qui se nourrit de sang. Sang d’animaux sauvages ou domestiques et sang humain. En France, Ixodes ricinus, l’agent de la maladie de Lyme, est le plus…

DDans le monde, la bestiole est le premier vecteur de maladies chez les animaux et le deuxième chez l’homme. On en compte 869 espèces, dont une trentaine présentes en France. Elle pique, mais si sa morsure est indolore, elle peut avoir de graves conséquences pour l’homme. La tique, petite bête noire des promeneurs dans les champs et les forêts et des amoureux des jardins en désordre, est dans le viseur des chercheurs, notamment ceux de l’Inrae, qui la surveillent, l’analysent et l’étudient.

1 Les contours de la petite bête

La tique est un arachnide (sans ailes et doté de quatre paires de pattes) (1) et un arthropode hématophage, autrement dit qui se nourrit de sang. Sang d’animaux sauvages ou domestiques et sang d’humains. En France, Ixodes ricinus, l’agent de la maladie de Lyme, est l’espèce la plus importante d’un point de vue de santé publique et aussi la plus présente. Sur le papier, les tiques ont une préférence pour le printemps et l’automne. « Mais nos recherches montrent que leur période d’activité et leurs aires de répartition évoluent, notamment en raison du changement climatique. Elles sont actives entre 8 °C et 25 °C et elles ont besoin d’un certain taux d’humidité. Elles apparaissent aussi en montagne, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. « On les retrouve désormais dans le nord de l’Europe, alors que jusqu’à présent c’était surtout le sud qui était touché », constate la microbiologiste Muriel Vayssier-Taussat, cheffe du département de santé animale du centre Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) du Val de Loire.

En hiver, la petite bête sommeille dans le sol. Et lorsqu’elle reprend son activité, elle grimpe, perchée sur un brin d’herbe, en attendant qu’un hôte passe et la frôle. Elle la mord et se nourrit… de sang. La morsure est indolore, car l’arthropode injecte une substance anesthésiante à sa « proie ». Il reste attaché à elle car son repas peut durer de trois à dix jours. Ixodes ricinus se nourrit du sang de multiples hôtes : oiseaux, petits rongeurs, sangliers, cerfs, mais aussi chiens, chats, bovins, moutons, chevaux, sans oublier les humains.

La tique peut se cacher dans


La tique peut se cacher dans des endroits « invisibles », sur le dos ou derrière les genoux, d’où la nécessité de « s’inspecter » après une sortie en forêt.

Wwala/Wikipédia CC-BY

2 Le vecteur des maladies

Les tiques sont des vecteurs de maladies : elles transportent et transmettent des agents pathogènes de la faune sauvage aux animaux et aux humains. Les deux principales maladies transmises par Ixodes ricinus sont « l’encéphalite à tiques, très fréquente dans le nord-est de l’Europe », précise l’INRAE ​​(avec seulement quelques cas par an en France) et la borréliose de Lyme, pour laquelle Santé publique France a recensé 46 598 cas en 2021 (contre un pic de 68 530 cas en 2018). Ces chiffres restent des estimations, car le diagnostic de la maladie est complexe. « La tique va capter la bactérie Borrelia burgdorferi en se nourrissant du sang de petits animaux porteurs sains de la maladie. La proximité d’animaux sauvages comme les renards et les sangliers, de plus en plus proches des abords des villes, va augmenter le risque d’avoir des tiques infectées par la maladie et susceptibles de la transmettre. Par ailleurs, certains animaux, dont le Tamia de Sibérie, un petit écureuil introduit dans une forêt d’Île-de-France et devenu extrêmement invasif, apparaissent comme de nouveaux réservoirs qu’il faut désormais surveiller », souligne Muriel Vayssier-Taussat.

Pour « rassurer » tout le monde, une nouvelle tique, observée jusque-là en Afrique et en Europe du Sud, est apparue en France depuis 2015, notamment dans le sud et en Corse. Hyalomma marginatum, contrairement à Ixodes ricinus, ne se contente pas d’attendre qu’un hôte la frôle depuis son brin d’herbe, mais avec ses grandes pattes, elle va foncer vers sa proie. Et cette tique est vectrice de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Une maladie potentiellement mortelle pour l’homme. Pour l’instant, aucun cas n’a été signalé sur le sol français, mais le risque plane.

« Si vous détectez une tique, il ne faut pas l’arracher, mais la retirer avec les doigts, comme si vous dévissiez une vis, afin que ses pièces buccales ne restent pas ancrées dans la peau. »

3 Tous les garçons à l’intérieur

Les tiques aiment les forêts, les champs, les haies et les jardins, mais détestent les poules qui s’en régalent. Des études de l’Inrae montrent qu’un tiers des piqûres surviennent dans les jardins privés ou les parcs publics. « On incite donc les gens à se couvrir les membres lorsqu’ils se promènent et à entretenir leur jardin voire à y accueillir des poules », poursuit le spécialiste. Après cela, pas question de rentrer chez soi et de faire comme si de rien n’était. Le sujet ne ressentant pas la morsure de la bestiole, « il est conseillé de vérifier ou de faire vérifier par un membre du foyer sa peau, et notamment dans les endroits invisibles : le dos, derrière les genoux, le cou. On inspecte aussi nos animaux de compagnie. Si on détecte une tique, il ne faut pas l’arracher, mais la retirer, avec les doigts, comme si on dévissait une vis, pour que ses pièces buccales ne restent pas ancrées dans la peau. On désinfecte. »

Et ensuite ? On surveille. Si une petite tache rouge apparaît et grossit, on prend vite rendez-vous avec notre médecin généraliste. « Une cure d’antibiotiques prescrite dès le début permet de venir à bout rapidement de la maladie de Lyme. »

Plusieurs laboratoires en Europe étudient l’évolution de la distribution des espèces de tiques.


Plusieurs laboratoires en Europe étudient l’évolution de la distribution des espèces de tiques.

Robin van Lonkhuijsen/AFP

Parce que la tique qui véhicule la maladie de Lyme est un enjeu de santé publique, les scientifiques de l’INRAE ​​l’étudient de près… et le public les aide. D’abord via l’application Signalement Tique, lancée en 2017, qui permet de signaler la piqûre (le lieu, l’heure). 17 730 signalements ont déjà été enregistrés. Ensuite, les citoyens sont invités à envoyer la tique qui pique dans un papier absorbant au programme Citique, un laboratoire de l’INRAE ​​qui l’analysera. « Les connaissances issues de cette collaboration avec la société civile permettent d’informer les populations sur les lieux à risques et les moyens de les limiter », explique Muriel Vayssier-Taussat. « Cette science participative complète le travail de nos équipes qui se rendent chaque mois sur des sites prédéfinis pour évaluer la présence de tiques et leur évolution », tandis que d’autres équipes suivent des cohortes de personnes ayant été mordues afin d’améliorer le diagnostic.

Quant à la piste vaccinale, elle est encore très loin…

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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