La semaine dernière, alors que les forces russes venaient de tirer, pour la première fois, un missile balistique à portée intermédiaire de type 9M729 Oreshnik (dérivé du RS-26 Rubezh, selon les estimations américaines) contre la société aérospatiale Pivdenmach basée à Dnipro, le patron de Au Kremlin, Vladimir Poutine a estimé que la guerre en Ukraine présentait désormais des « caractéristiques mondiales », avant d’assurer que Moscou « réagira résolument à cette escalade », en référence à l’autorisation donnée. à Kiev par Washington et Londres pour utiliser des armes à longue portée ATACMS et Storm Shadows contre des cibles militaires en Russie.
Les propos du président russe ont été accueillis dans le calme en Suède. C’est du moins ce que laisse entendre la réaction exprimée par le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, en accueillant Rousten Oumierov, son homologue ukrainien, à Stockholm le 22 novembre.
« La récente escalade et la provocation russe sont une tentative visant à nous faire peur et à ne pas soutenir l’Ukraine, et cela échouera. La Russie ne pourra pas nous empêcher de continuer à soutenir l’Ukraine », a déclaré M. Jonson. Soutenir l’Ukraine « est un investissement dans notre propre sécurité, car votre sécurité est aussi la nôtre », a-t-il ajouté en s’adressant à M. Oumierov.
Rappelant que l’Ukraine a le droit « de se défendre à l’intérieur et à l’extérieur de son territoire », le ministre suédois a assuré que son pays était prêt à financer « substantiellement » l’achat de missiles et de drones à longue portée au profit des forces armées ukrainiennes. Cela fera l’objet d’une 18e tranche d’aide dont le contenu sera précisé en janvier prochain.
Le précédent « paquet » d’aide avait été annoncé par Stockholm en septembre dernier. D’un montant de 4,6 milliards de couronnes suédoises (soit environ 400 millions d’euros), il prévoyait la livraison de six navires d’attaque rapide CB-90, de lance-roquettes AT4, de différents types de munitions et surtout de pièces de rechange pour le JAS-39 Gripen C/ Avion de combat D.
«Pour l’instant, il n’est pas pertinent de transférer le JAS-39 Gripen en Ukraine car cela gênerait l’entrée en service du F-16 (promis à Kiev par les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark et la Belgique, ndlr). Cependant, le gouvernement continue de travailler à la création des conditions nécessaires pour éventuellement soutenir l’Ukraine avec ce type d’avions à l’avenir », expliquait alors le ministère suédois de la Défense.
La Suède contribuera bientôt à des fonds substantiels pour permettre à l’Ukraine de produire en masse des missiles et des drones ukrainiens à longue portée. Aujourd’hui, nous avons présenté la nouvelle avec le ministre de la Défense Rustem Umerov au château de Karlberg. (1/4) pic.twitter.com/QoGEWYVq53
– Pål Jonson (@PlJonson) 22 novembre 2024
En août 2023, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué des discussions sur un éventuel transfert des avions de combat Gripen C/D à Kiev. Puis, la priorité ayant été donnée à la livraison des F-16, Stockholm a suspendu ce projet.
« La mise en place simultanée de deux systèmes de combat aérien est très complexe et il convient désormais de se concentrer sur l’entrée en service du F-16 au sein de l’armée de l’air ukrainienne », expliquait M. Jonson en mai dernier. Par ailleurs, la Suède était toujours en train de transférer à Kiev les deux derniers avions aéroportés de commandement et d’alerte Saab 340 AW&C encore en service dans son armée de l’air (Svenska flygvapnet).
L’annonce faite par la France concernant le transfert prochain du Mirage 2000-5F vers l’Ukraine (au moins six exemplaires, ndlr) a sans doute conduit Stockholm à préparer le terrain pour le don ultérieur du Gripen C/D. Jusqu’à présent, les autorités suédoises n’avaient pas précisé le nombre d’avions qu’elles comptaient transférer. C’est désormais une chose à faire.
En effet, lors de la conférence de presse qu’il a donnée aux côtés de M. Oumierov, le ministre suédois a révélé que des pièces de rechange pour quatorze Gripen avaient été livrées à l’Ukraine. « Les Gripen faisaient partie de nos discussions aujourd’hui (22/11) », a-t-il ajouté.
Cependant, la Suède ne dispose pas de toute la latitude qu’elle souhaiterait pour faire avancer ce dossier. La livraison du Gripen « ne dépend pas de nous, mais des licences d’exportation et d’autres partenaires (…) qui attendent d’avoir progressé avec le F-16 avant d’envisager le don du Gripen », a expliqué Pål Jonson.
Pour rappel, relativement peu dépendant d’une base aérienne grâce à une maintenance simplifiée au maximum, le JAS-39 Gripen est considéré comme le chasseur-bombardier idéal pour les forces aériennes ukrainiennes, d’autant plus qu’il dispose d’une suite électronique performante. guerre et est capable de transporter des missiles air-air Meteor à très longue portée.