« La « start-up nation » se prépare à la fin de l’ère Macron »
R.guère de secteur économique aura été associé à une personnalité politique : l’écosystème tech français est lié à l’image d’Emmanuel Macron, candidat autoproclamé très tôt puis président de la « nation start-up ». « Une « start-up nation » est une nation où chacun peut dire qu’il peut créer une start-up. Je veux que la France en fasse partie », a-t-il prophétisé en avril 2017, empruntant un slogan parfois utilisé pour désigner Israël. Pour le secteur du numérique, les élections législatives anticipées avec le Rassemblement national (RN) en tête des sondages sont un choc.
La « start-up nation » se prépare à la fin de l’ère Macron. « Il y a un traumatisme. Nous traversions une période très stable. Macron, avec sa dissolution (de l’Assemblée nationale), gifle tout le monde. C’est la fin d’une époque », » déclare le fondateur d’une start-up d’intelligence artificielle (IA), s’exprimant sous couvert d’anonymat, lors d’un cocktail de l’association French Tech le 24 juin. « Acteur de la « start-up nation » », ce « archétype de l’électeur de centre-gauche », soutenu par Macron en 2017 et déçu depuis 2022, craint qu’une alternance ne remette en cause les mécanismes de soutien financier public mis en place pour la tech depuis 2017.
L’association des start-up France Digitale a publié dans Les échos une plateforme mettant en garde contre « Le retour du nationalisme, la tentation des extrêmes ou du repli sur soi ». Et plaide pour le maintien de l’ouverture aux capitaux et aux salariés étrangers. Vladimir Spalaikovich, fondateur de la start-up FitSize, explique que la dissolution « une appréhension, voire une peur immédiatement générée chez les promoteurs qui travaillent pour nous en « offshoring », c’est-à-dire en Tunisie ».
« Je sens du pragmatisme »
Alexandre Pham, de MisterTemp, raconte avoir organisé une réunion de« analyse d’impact » à l’issue du scrutin, s’interrogeant sur l’avenir des 14% d’étrangers non européens employés dans son réseau d’agences d’intérim franchisées. « Au mieux nous resterons immobiles, au pire nous reculerons », analyse Olivier Martret, de la société de capital-risque Serena Capital, cité par L’usine numérique.
Parallèlement à ce concert d’inquiétudes, on sent aussi dans le secteur de la tech une certaine prudence, voire un attentisme et une résignation à pouvoir accueillir le RN, si ce dernier devait gouverner. De nombreux acteurs et lobbies ne souhaitent pas s’exprimer publiquement.
«Je ressens du pragmatisme. Les gens sont tiraillés entre leur moi économique et leur moi démocratique : il existe un programme qui est meilleur d’un point de vue économique mais qui pose problème démocratiquement., explique un professionnel anonyme de la tech, résumant l’idée – déjà entendue par des patrons d’autres secteurs – selon laquelle le programme du RN serait préférable pour les entreprises à celui du Nouveau Front populaire et de ses « augmentations d’impôts ». « Les gens du secteur disent aussi que la raison du terrain et les garde-fous démocratiques peuvent faire que l’arrivée du RN n’engendrerait pas tant de changements »il continue. « Nous sommes plus inquiets de l’arrivée de l’extrême gauche au pouvoir que de celle de l’extrême droite, car le RN est pro-industriel »estime un lobbyiste des semi-conducteurs cité par Contexte.
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