Nouvelles

La Serbie va acheter le Rafale à Dassault Aviation

Et le Rafale atterrira très certainement en Serbie, huitième pays au monde à acquérir l’avion de combat français. Les deux capitales – Paris et Belgrade – souhaitent toutes deux cette transaction. « Notre espoir est de voir cette discussion aboutir à une conclusion lors de la visite. » Emmanuel Macron en Serbie à l’invitation du président serbe« Nous espérons conclure l’achat très attendu d’avions de combat français lors de la visite du président français », a expliqué l’Élysée. Aleksandar Vucic a déclaré mercredi à l’AFP qu’il espérait conclure l’achat très attendu d’avions de combat français lors de la visite du président français. Sauf retournement de situation, il ne fait guère de doute que la Serbie signera un contrat avec Dassault Aviation lors de la visite d’Emmanuel Macron à Belgrade (et Novi Sad) les 29 et 30 août prochains pour la fourniture de 12 Rafale F3. Ces appareils doivent être armés de missiles air-air Mica NG (MBDA), selon nos informations.

« C’est un énorme contrat pour notre pays et ce n’est pas un petit contrat même pour la France », a déclaré le président serbe dans un entretien exclusif à l’AFP, évoquant une transaction qui pourrait s’élever à plusieurs milliards de dollars.

Les négociations pour ce contrat ont été bouclées avant l’été et les autorisations de l’Etat français pour la signature d’un contrat ont également été accordées à Dassault Aviation, selon nos informations. Il s’agit d’un nouveau grand succès pour Dassault Aviation, le deuxième de l’année (18 Rafale entrés en service en Indonésie) à condition que le paiement de la première tranche soit effectué avant la fin de l’année.

La Serbie, jusqu’à présent un client modeste

Ce nouveau succès du Rafale en Europe pour Dassault Aviation, qui a déjà vendu ses avions de combat à deux autres pays européens (Grèce, Croatie), contre une seule commande de Mirage 2000 (Grèce). C’est aussi un nouveau client accroché par l’avionneur et ses équipes commerciales, très opiniâtres sur ce dossier complexe. Et ce nouveau contrat d’exportation pour le Rafale est d’autant plus remarquable que la Serbie a longtemps été un client modeste de l’industrie d’armement française. Ainsi, sur la période 2013-2022 (en moyenne moins de 50 millions par an), Belgrade a acheté pour 484,6 millions d’euros de systèmes d’armes, avec deux pics : 115,8 millions en 2019 (système de défense antiaérienne de courte portée Mistral 3) et 221 millions en 2021 (10 hélicoptères H145M, des radars, des systèmes de défense sol-air et des stations radio).

En 2023, Aleksandar Vucic a laissé entendre que la Serbie était prête à débourser 3 milliards d’euros pour cette transaction, estimée à 2,7 milliards d’euros (sans armement), selon nos informations. L’acquisition de Rafale permettra à Belgrade de moderniser dans une première phase une partie de sa flotte composée de MiG-21 et MiG-29 ainsi que de vieux avions de chasse yougoslaves 30 Soko J-22 Orao et Soko G-4 Super Galeb. « La plupart de nos avions, sinon tous, tous nos intercepteurs et tous nos chasseurs viennent de Russie et nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste avant de pouvoir préparer notre armée. »a expliqué le président serbe à l’AFP.

Des dimensions très géopolitiques

Ce contrat a une dimension très géopolitique (tensions régulières entre la Serbie et le Kosovo et proximité de la Serbie avec la Russie). Ce succès de Paris est aussi une claque pour Moscou avec cette décision de Belgrade de tourner le dos à l’achat d’avions russes. Accusé de proximité avec Moscou, Aleksandar Vucic ne pouvait apparemment pas acheter d’avions russes sans exposer son pays à de fortes représailles américaines, via la réglementation CAATSA (CLoi sur la lutte contre les adversaires de l’Amérique par le biais de sanctions). Loi qui a renforcé en 2017 les sanctions existantes contre la Russie et s’applique aux entreprises européennes.

Enfin, mi-juillet, le chef de l’Etat Emmanuel Macron avait souligné dans un communiqué l’engagement deAleksandar Vucic « en faveur de la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, en soutien à la médiation européenne et en appelant à la pleine mise en œuvre des accords de Bruxelles-Ohrid ». Ce nouveau point positif a encore favorisé une signature en faveur du Rafale. Au printemps lors de la visite du président serbe, Emmanuel Macron, qui souhaite « aussi fort que possible » l’ancrage de la Serbie dans l’Union européenne, avait été clair. Il avait estimé que l’avenir de Belgrade résidait « au sein de l’Union européenne » Et « nulle part ailleurs »La visite du chef de l’État français a pour but de « réaffirmer le soutien de la France à l’ancrage européen » de la Serbie, expliquait l’Élysée la semaine dernière. Et le contrat Rafale s’inscrit dans cette trajectoire de la Serbie…