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« La sécurité mondiale est en jeu » : pourquoi la Cop16 désertification qui s’ouvre à Riyad est « décisive »

La 16e réunion des parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), prévue jusqu’au 13 décembre à Riyad, a été présentée par Antonio Guterres, chef de l’ONU, comme un « moment décisif » dans la lutte contre la sécheresse et la avance des déserts.

Objectif ? Restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées avant 2030

La dernière conférence, qui s’est tenue en 2022 en Côte d’Ivoire, a abouti à un engagement à « accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées », c’est-à-dire des sols dont la qualité a été altérée par les activités humaines comme la pollution ou la déforestation, d’ici 2030. La CNULCD estime désormais que 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées devraient être restaurés avant la fin de la décennie.

L’Arabie saoudite, qui abrite l’un des plus grands déserts du monde, s’est pour sa part fixé l’objectif de restaurer 40 millions d’hectares, a indiqué son vice-ministre de l’Environnement, Osama Faqeeha, mais sans donner de calendrier. Jusqu’à présent, le royaume du Golfe a restauré 240 000 hectares, en luttant notamment contre l’abattage illégal d’arbres et en multipliant le nombre de parcs nationaux, dont le nombre est passé de 19 en 2016 à plus de 500. « Nous sommes exposé à la forme la plus grave de dégradation des terres, la désertification », a-t-il souligné.

Les pourparlers à Riyad s’ouvrent dix jours après la fin de la Cop29 à Bakou, en Azerbaïdjan, où l’Arabie saoudite – premier exportateur mondial de pétrole – a été accusée de s’efforcer d’empêcher la mention des énergies fossiles dans l’accord final.

Cette conférence sur le changement climatique a abouti à la promesse des pays riches de débloquer 300 milliards de dollars par an en financement climatique. Mais le texte a été jugé largement insuffisant par les Etats les plus pauvres et les plus exposés au réchauffement climatique.

« Pas seulement en Afrique ou au Moyen-Orient »

A l’occasion de cette Cop16 désertification, l’enjeu sera de parvenir à un consensus sur la nécessité d’accélérer la restauration des terres dégradées et de développer une approche « proactive » face aux sécheresses, explique Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de l’UNCCD. « Nous avons déjà perdu 40 % de nos terres et de nos sols », dit-il, soulignant les conséquences en termes d’insécurité alimentaire et de migration. « La sécurité mondiale est réellement en jeu, et nous le constatons partout dans le monde. Pas seulement en Afrique ou au Moyen-Orient », insiste-t-il.

Un phénomène majeur qui passe inaperçu

« Si nous continuons à laisser les terres se dégrader, nous subirons d’énormes pertes », prévient également Osama Faqeeha. « La dégradation des terres est aujourd’hui un phénomène majeur qui passe inaperçu », déplore-t-il.

Si le royaume du Golfe est critiqué pour les émissions générées par son immense production pétrolière, le fait qu’il soit exposé à la désertification pourrait lui donner plus de crédibilité dans les négociations à Riyad. Contrairement au réchauffement climatique, auquel elle participe clairement, « l’Arabie saoudite ne contribue pas forcément directement au problème de la désertification », souligne Patrick Galey, de l’organisation Global Witness. Elle peut, « avec une certaine légitimité, prétendre défendre les victimes ».

Macron attendu à Riyad

Des milliers de délégués sont attendus à la Cop16, dont près d’une centaine de ministres. Emmanuel Macron est attendu au One Water Summit, qui se tient en marge de cette conférence, ce mardi 3 décembre.

Eleon Lass

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