La Scop de la Batelière continue la mobilisation après la décision du tribunal de commerce qui a favorisé l’offre du groupe Karukera-Cogit pour la reprise du complexe hôtelier, situé dans la commune de Schoelcher. Les salariés lanceront une cagnotte participative, invitant la population martiniquaise à devenir actionnaire de l’hôtel. Thomas Adèle Amélie, responsable de la Scop, explique cette initiative visant à récolter 1,2 million d’euros en 13 jours.
Alors que le tribunal de commerce de Fort-de-France avait donné raison au groupe Karukera et Cogit, pour reprendre le complexe immobilisé de La Batelière au prix de 1,6 million d’euros, le groupe Monplaisir avait annoncé un recours. cette décision. Dans l’espoir de pouvoir à nouveau présenter ses arguments devant le tribunal de commerce, la Scop (société coopérative et participative) a pris l’initiative de lancer prochainement une cagnotte en ligne, pour récolter les fonds nécessaires, soit 1,2 million d’euros. Thomas Adèle Amélie, responsable de la Scop, nous parle de cette initiative.
« Nous attendons la prochaine convocation du tribunal pour pouvoir présenter notre offre »
La cagnotte participative est une solution que la Scop avait déjà envisagée, mais qui ne fait que se concrétiser maintenant, motivée par la dernière décision de justice : « Au départ, nous voulions faire appel aux entités les plus importantes, à savoir les collectivités et les acteurs économiques, les entreprises qui disposent des fonds nécessaires pour nous aider financièrement. Par la suite, avec la décision du tribunal, nous avons également souhaité que ce projet soit soutenu par la population martiniquaise, afin qu’elle soit impliquée. »
Des fonds sur lesquels compte la Scop, pour faire le poids, lors de leur prochaine citation en appel devant le tribunal de commerce : « Malheureusement, il y avait un réel manque de fonds propres, comme le confirmaient jusqu’à présent les preuves bancaires. Alors, on s’est dit : pourquoi ne pas lancer cette opération qui prouvera qu’il y a bien des fonds sur un compte, en plus des apports numériques des investisseurs locaux ? Nous attendons désormais la prochaine convocation du tribunal pour pouvoir présenter notre offre. »
Tout le monde peut devenir actionnaire
S’inscrivant dans la continuité de l’économie solidaire que défend la Scop, la spécificité de cette cagnotte réside aussi dans l’indemnisation qu’elle garantit : en cas de reprise de La Batelière par elle, chaque personne participant à la cagnotte à hauteur de 55 euros sera actionnaire de l’ensemble immobilier. » En fait, tous ces gens entreront dans une structure juridique, soit associative, soit société, qui représentera tous ces gens pour une seule voix. Ainsi, ils appartiendront à une société d’investissement ou à une association d’investissement qui représentera l’ensemble de ces personnes.s. »
13 jours pour récolter 1,2 million d’euros
Par ailleurs, selon Thomas Adèle Amélie, les fonds nécessaires s’élèveraient à 1,2 million d’euros : « Avec 22 000 personnes investissant 55 euros, nous atteignons déjà 1,3 million. Une cagnotte avec un objectif d’environ deux semaines, un délai court, qui n’effraie pas le manager : nous avons mis en ligne la cagnotte pendant 13 jours. Et pendant ces 13 jours, nous espérons récolter un maximum pour pouvoir réveiller les communautés et montrer qu’il y a eu cette implication de la population.. »
Le choix de cette plateforme n’est pas non plus laissé au hasard et s’inscrit dans la volonté de rassurer les futurs actionnaires : « Nous voulons vraiment rester du bon côté. » insiste Thomas. En effet, les personnes qui s’engagent ont de solides garanties en cas d’échec du projet : « C’est pourquoi nous n’acceptons pas les paiements en espèces et n’ouvrons pas de compte bancaire pour recevoir de l’argent. C’est uniquement via la plateforme Leetchi qui assure le remboursement de tous les participants si l’objectif n’est pas atteint. »
« Nous attendons un enthousiasme suffisant«
Le représentant de la coopérative compte sur la mobilisation de la population dans cette initiative, qui pourrait vraiment faire la différence dans la décision finale : « Nous pensons que si la population est capable de se mobiliser, cela peut encourager davantage les communautés et les entrepreneurs. Nous attendons de la cagnotte Leetchi un engouement suffisant, nécessaire pour réveiller tous les autres acteurs économiques. » Un engouement qui permettrait de gagner en confiance pour cette levée de fonds et de susciter l’intérêt d’acteurs plus importants.
Une émulation qui a déjà commencé : « Dès que les gens ont entendu parler de cette cagnotte, nous avons été immédiatement contactés par de nombreux entrepreneurs. », conclut Thomas Adèle Amélie.
Pour l’instant, la cagnotte est toujours en cours de vérification auprès de la plateforme Leetchi.