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La scène la plus choquante de « The Substance » avec Demi Moore est clairement celle-ci (surprenant, non ?)

La scène la plus choquante de « The Substance » avec Demi Moore est clairement celle-ci (surprenant, non ?)

Par Clément Arbrun | Journaliste

Passionné de questions de société et de culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Et si on vous disait que la scène la plus traumatisante de « The Substance » n’est ni sanglante ni horrifique ? On le doit à l’immense Demi Moore…

La scène la plus choquante de « The Substance » avec Demi Moore est clairement celle-ci (surprenant, non ?)

Le reste après l’annonce

Nous ne nous lassons jamais de vous féliciter Le fond.

En alignant mise en scène hyper graphique, gore exacerbé et virulence féministe, la cinéaste française Coralie Fargeat livre avec ce choc à vivre en salles un crossover aussi absurde que bouleversant entre Barbie (la version Greta Gerwig, celle qui agace les misogynes) et La mort te va si biensucculente farce macabre. Au cœur de l’œuvre, dans la peau d’une star has been, le sex symbol définitif des années 90, Demi Moore. Lequel affiche un incroyable sentiment de tragi-comicité, fort en intimité comme en émotion viscérale !

Et ce qui démontre cela, c’est que si cette satire accumule l’horreur organique ultra-visuelle, le sanglant et les dégoûts divers, ce n’est pas du tout ce côté-là qui nous a ému. Eh bien oui, mais : pas seulement. Car pour trouver LE cataclysme de Le fondil faut aller plus loin.

On vous le dit ?

Quand Demi Moore se met nue devant le miroir dans une scène dévastatrice : c’est là que réside le cœur de The Substance

Le fondc’est un film dont la forme, agressive, hyperpop, frénétique, n’a d’égal que son contenu foisonnant : il est autant question de jeunesse et de chirurgie esthétique que de « regard masculin », de sexualisation du corps des femmes et d’industrie du divertissement. D’ailleurs, nous décryptons pour vous cet ouvrage devenu phénomène dans cette analyse.

Mais le cœur du film, c’est clairement cette séquence très intime… Et douloureuse. Elle dévoile le personnage de Demi Moore, has been star, se maquille, se démaquille et se remaquille sans relâche, en attendant son rendez-vous. Au fur et à mesure que les minutes passent et que la rencontre semble de plus en plus menacée, notre protagoniste ne cesse de changer d’apparence devant le miroir de sa salle de bain. Quitte à s’épuiser le visage, à tout faire voler en éclats et à fondre en larmes.

On comprend dans cette séquence courte mais insupportable – on ne comprend pas pourquoi une femme aussi « glamour » se dévalorise à ce point – que ce personnage féminin obsessionnel, sexagénaire en quête de jeunesse éternelle (dont la « substance » verdâtre de le titre), voue à son corps… une haine absurde. Peu importe qu’elle se métamorphose, change devant le miroir ou lors de « changements » surnaturels : elle souffre d’un système qui la rend gênée et coupable. A propos de quelque chose qui n’existe pas. Sexisme intériorisé.

C’est ce dont parle viscéralement la cinéaste Coralie Fargeat : comment les femmes deviennent leurs propres ennemies à cause du patriarcat et de ses multiples pressions. Un moment politique, mais surtout très émouvant. C’est un moment déchirant, plein d’humanité et de tristesse. Et qu’en est-il de la vie ?

Visuellement, l’image puissante de Demi Moore détruisant son maquillage est limpide : elle est horrifiante, avec l’aide du rouge à lèvres taché, et apparaît même sur certaines affiches. Symboliquement, il convoque mille significations. On y voit une allusion à la dysmorphie corporelle : ce trouble hyper incompris que nous décryptons pour vous, en expert, dans cet article.

Quelques minutes suffisent pour dévoiler la conviction de Coralie Fargeat : le « body horror », ce sous-genre horrifique sublimé par David Cronenberg, n’est jamais aussi actuel que lorsqu’il évoque le corps des femmes. Maltraités, malmenés, jusqu’à la défiguration… Même en dehors des « paroxysmes » de la terreur !

Ce brillant film d’horreur révèle sa « substance », justement, dans ses images les plus intimes, comme celle-ci. Ou, à travers ce « full frontal » audacieux de Demi Moore, une scène de nu exceptionnelle et tout aussi forte politiquement.

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