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« La sale rumeur accusant dix acteurs de violences sexuelles en dit long sur le poison distillé lors du Festival de Cannes et sur ce qu’il produit »

« La sale rumeur accusant dix acteurs de violences sexuelles en dit long sur le poison distillé lors du Festival de Cannes et sur ce qu’il produit »

La course à la Palme d’Or est lancée et la fin du monde n’a pas eu lieu, un tremblement de terre n’a pas détruit le palais de Cannes, un tsunami n’a pas englouti les festivaliers. On dit cela parce que la veille de Cannes, un obscur compte X a jeté sur la Toile dix hommes célèbres du cinéma français en leur promettant la mise en jeu en raison de leurs violences sexuelles.

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Ce qui importe, ce n’est pas cette fausse liste, attribuée initialement et de manière si bidon à Médiapart, qui a dû nier, mais ce qu’elle a dit sur le poison distillé et ce qu’il a produit. Déjà une folle récolte de médias, y compris à l’étranger, ont évoqué la rumeur avec plus ou moins d’ambiguïté. La palme revient à Cyril Hanouna qui, le 6 mai, dans « Touche pas à mon poste », sur la chaîne C 8, annonçait : « presque tout le cinéma français est concerné »avant de donner la parole au chroniqueur Gilles Verdez : « Si cette liste de dix noms sort (…), c’est la fin du cinéma français, la fin du Festival de Cannes. » Hanouna conclut : « Après, on ne sait pas de quoi il s’agit. » Évidemment.

Un secteur du cinéma prompt à s’indigner n’a pas réagi à cette scène hallucinante. Il est vrai que Cyril Hanouna est le protégé de Vincent Bolloré, patron de Canal+, chaîne qui finance en grande partie le cinéma en France.

Que s’est-il passé, selon LE Parisien du 11 mai et La Tribune dimanche à partir du 12 mai, ce sont des rendez-vous à Cannes ou ailleurs, animés par des agences de communication spécialisées dans la gestion de crise. Faut-il que la fébrilité s’empare des esprits pour qu’une rumeur épsilonesque, sans début de preuve, puisse à ce point remuer les cerveaux ?

Impressionnante photo de groupe

La rumeur ne résonne pas avec une musique un peu récurrente sur les sites d’extrême droite visant à accuser le cinéma français de se nourrir de l’argent public et de créer des films de gauche. Cela ne profite en rien au mouvement #metoo, qui s’apparente à des coupe-têtes. Il brouille la question des violences sexuelles au cinéma, une problématique que plusieurs journaux (ElleTélérama, Libération) viennent de s’alourdir via des enquêtes et des témoignages mettant en cause des personnalités.

Le monde n’est pas en reste, publiant le 15 mai quatre pages exceptionnelles dans lesquelles une centaine de personnalités, notamment des femmes, tout en demandant un « droit mondial » contre les violences sexuelles, posent en groupe devant l’objectif de Sonia Sieff. On peut voir dans ces images un hommage au photographe américain Richard Avedon et son brillant portrait de Chicago sept (1969), militants contre la guerre du Vietnam qui ont fait l’objet d’un procès retentissant. De la même manière qu’Avedon traduit visuellement la force du collectif dans un combat politique, #metoo est une réponse collective à des attaques isolées.

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