La Russie stupéfaite par la première incursion militaire étrangère sur son sol depuis 1945
« Là-bas, sur nos propres terres russes, il y a la guerre… » Entre choc et inquiétude, sur un quai de gare de Moscou, un grand-père solitaire attend sa famille. Il est près de 23 heures, lundi 12 août, lorsque le train bondé arrive de Koursk, à seulement 500 kilomètres au sud-ouest de la capitale. Près d’une semaine après le début de l’offensive surprise de l’armée ukrainienne dans cette région frontalière, les autorités russes ont annoncé l’évacuation de 121 000 personnes de la zone de combat, un record depuis la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2009). A la gare de Moscou, les réunions familiales se déroulent sans effusion. Sur le quai, personne ne veut commenter la situation, d’autant plus confuse que les messages rassurants relayés par la télévision du Kremlin contredisent les informations alarmantes sur les réseaux sociaux.
« L’ennemi recevra une réponse appropriée. Tous les objectifs auxquels nous sommes confrontés seront sans aucun doute atteints. »a promis Vladimir Poutine lundi soir, lors d’une réunion partiellement retransmise à la télévision avec ses chefs militaires. Autour du chef du Kremlin, qui a ordonné à son armée de« expulser » les troupes « ennemis » de Koursk et a accusé l’Occident de « Nous nous battons avec les mains des Ukrainiens »Les visages sont tendus. Les faits sont là, difficiles à cacher au public, largement relayés sur les réseaux sociaux : 28 localités sont passées sous le contrôle des forces ukrainiennes, qui ont avancé de 12 kilomètres en profondeur et sur une largeur de plus de 40 kilomètres, a froidement informé le gouverneur par intérim de la région de Koursk, Alexeï Smirnov. Il s’agit de la plus grande offensive d’une armée étrangère sur le sol russe depuis… la Seconde Guerre mondiale.
Au moins douze civils ont été tués et 121 blessés, dont dix enfants, a poursuivi le gouverneur. « Nous ne connaissons pas le sort d’environ 2 000 personnes dans ces zones.. À ce jour, 121 000 personnes ont déjà quitté le pays ou ont été évacuées. Viatcheslav Gladkov, son homologue de la région voisine de Belgorod, cible régulière depuis des mois par les Ukrainiens avant leur attaque surprise sur la région de Koursk, a également annoncé lundi des évacuations préventives de populations en raison de la présence de troupes russes dans la région. « activité ennemie à la frontière ».
Au total, dans les dernières heures, près de 195 000 personnes devaient être évacuées. La dernière fois que des populations russes avaient fui en masse les combats à l’intérieur du pays, c’était pendant la deuxième guerre de Tchétchénie. A l’époque, il n’y avait pas eu d’évacuation coordonnée, les réfugiés fuyant les combats par leurs propres moyens. Aujourd’hui, dans la région de Koursk, les autorités affirment organiser les évacuations. Mais les premières informations recueillies par la presse russe révèlent que, faute d’informations centralisées et de coordination suffisante sur le terrain, de nombreuses familles doivent en réalité se débrouiller seules. Parallèlement, à Moscou et dans les régions, des initiatives de volontaires se mettent en place pour collecter de l’aide à envoyer à Koursk, principale ville de l’oblast qui n’a pas été prise par les Ukrainiens.
Il vous reste 51.49% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.