(Photo fournie par l’armée ukrainienne) Un soldat ukrainien aide un autre militaire blessé lors de son évacuation vers un hôpital de campagne dans la région de Donetsk (est de l’Ukraine), le 26 juin 2024 (Service de presse de la 24e brigade mécanisée /Document)
Vladimir Poutine a déclaré vendredi que la Russie devrait commencer à produire des missiles à courte et moyenne portée, auparavant interdits, après avoir averti Washington du risque de « confrontation directe » liée aux missions de drones américains en mer Noire.
Cette semaine, Moscou a également reproché aux États-Unis une frappe dimanche en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par les Russes en 2014, qui aurait été menée par l’Ukraine à l’aide de missiles tactiques américains ATACMS d’une portée de 300 km, qui a laissé quatre morts et plus de 150 blessés.
La Russie a promis des représailles pour ce qu’elle considère comme une implication croissante de Washington.
Une tour du Kremlin photographiée lors de la cérémonie d’investiture du président russe Vladimir Poutine le 7 mai 2024 à Moscou (AFP / NATALIA KOLESNIKOVA)
Le président russe, lors d’une réunion retransmise à la télévision avec de hauts responsables, a estimé vendredi que son pays devrait « commencer à produire » des missiles d’une portée comprise entre 500 et 5.500 kilomètres.
Ceux-ci étaient auparavant interdits en vertu d’un traité de guerre froide avec les États-Unis, aujourd’hui disparu.
Vladimir Poutine a affirmé que les États-Unis avaient commencé à utiliser de tels missiles lors d’exercices d’entraînement au Danemark.
« Nous devons réagir à cela et prendre des décisions sur ce que nous devons faire ensuite dans ce domaine », a-t-il poursuivi, affirmant que la Russie déciderait « où » déployer ces armes.
Washington s’est retiré en 2019 de ce traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), invoquant son non-respect par Moscou. La Russie avait alors assuré qu’elle observerait un moratoire sur la production de tels engins si les Etats-Unis ne les déployaient pas à une distance qui leur permettrait d’atteindre son territoire.
Plusieurs traités de la guerre froide entre les Soviétiques et les Américains, destinés à limiter la course aux armements nucléaires et à apaiser les tensions au plus fort de leur rivalité, ont expiré ces dernières années.
– « Désignation de la cible » –
Moscou considère que l’aide apportée à Kiev en matière d’armement, de collecte de renseignements et d’identification de cibles sur le territoire russe a fait des États-Unis et de leurs alliés des parties au conflit, que le Kremlin a relancé en février 2022 par une offensive de grande envergure en Ukraine.
Les vols de drones américains en mer Noire « augmentent la probabilité d’incidents dans l’espace aérien avec des avions des forces aérospatiales russes, ce qui augmente le risque d’une confrontation directe entre l’Alliance (atlantique) et la Fédération de Russie », a averti le ministère russe de la Défense.
Selon les autorités russes, ces avions américains sont utilisés pour « la reconnaissance et la désignation de cibles pour les armes de précision fournies aux forces armées ukrainiennes » par l’Occident.
Combats en Ukraine, dans la région de Donetsk, le 27 juin 2024 (AFP / Roman PILIPEY)
Le Kremlin affirme que les lancements de missiles ATACMS nécessitent notamment des renseignements collectés par les États-Unis.
Après avoir longtemps refusé, de peur de provoquer une escalade, Américains et Européens ont commencé à autoriser ces dernières semaines, sous conditions, des attaques avec des armes de précision occidentales sur le sol russe pour détruire des sites et des systèmes utilisés pour bombarder l’Ukraine.
– Grèves en Ukraine –
Les bombardements russes se poursuivent quotidiennement dans des localités ukrainiennes.
Quatre civils ont été tués et trois autres, dont « une fillette de huit ans », blessés vendredi dans une frappe sur la petite ville de New York, dans l’est de l’Ukraine, selon le parquet régional.
Huit personnes ont également été blessées dans un attentat à la bombe à Kharkiv, la deuxième ville du pays, a indiqué le gouverneur Oleg Synegoubov.
Une nouvelle attaque a fait un mort et six blessés, dont un bébé de sept mois, à Dnipro (centre-est), selon le gouverneur régional Serguiï Lyssak.
Les combats de haute intensité se poursuivent sur le front, notamment à l’est, où la Russie a revendiqué vendredi la prise de Rozdolivka, un village situé au nord de la ville dévastée de Bakhmout.
Mais selon Kiev, les forces ukrainiennes sont en meilleure position grâce à l’arrivée d’armes occidentales, après des mois de blocus.
Carte des zones contrôlées par les forces ukrainiennes et russes en Ukraine au 27 juin 2024 à 19h GMT (AFP / Valentin RAKOVSKY)
« Le ratio de consommation de munitions était de un à sept (en faveur de l’armée russe), aujourd’hui il est de un à trois », a indiqué à l’AFP une source au sein de l’état-major de l’armée ukrainienne.
Sur le plan diplomatique, Volodymyr Zelensky a déclaré vendredi travailler sur un nouveau plan de sortie du conflit, avec pour objectif qu’il soit « soutenu par la majorité » des pays. Mais il s’est également engagé à continuer de renforcer les capacités militaires de son pays pour imposer une « paix juste » à la Russie.
Dans la soirée, le président ukrainien a annoncé la libération et le retour en Ukraine de dix civils faits prisonniers en Russie et en Biélorussie. Russes et Ukrainiens, en guerre depuis plus de deux ans, échangent régulièrement des soldats capturés mais le retour de civils est beaucoup plus rare.
Vladimir Poutine a de son côté avancé sa propre solution : que l’Ukraine cède cinq régions de l’est et du sud et qu’elle renonce à rejoindre l’OTAN. Une exigence de capitulation de fait, rejetée à Kiev comme par l’Occident.
A Washington, le FMI a approuvé le versement de 2,2 milliards de dollars supplémentaires à l’Ukraine, dans le cadre d’un prêt de 15,6 milliards de dollars, saluant les « solides performances » de son économie malgré des « conditions difficiles ».