Alors que les combats font rage depuis l’offensive ukrainienne mardi dans la région frontalière russe de Koursk, Moscou a annoncé vendredi 9 août le lancement d' »opérations antiterroristes » à Belgorod, Briansk et Koursk.
La Russie contre-attaque. Le Comité national antiterroriste russe a annoncé vendredi soir, 9 août, le lancement d’une opération de« opérations antiterroristes dans les régions de Belgorod, Briansk et Koursk »trois régions frontalières de l’Ukraine. Cette annonce intervient après l’offensive lancée mardi par l’armée ukrainienne à Koursk, où se battent plus d’un millier de soldats, une dizaine de chars et une vingtaine de véhicules blindés. Avec cette opération, la Russie dit vouloir « assurer la sécurité des citoyens et éliminer la menace d’actes terroristes perpétrés par des groupes de sabotage ennemis ».
Selon des analystes, des détachements ukrainiens ont avancé de plusieurs dizaines de kilomètres dans la région de Koursk, qui borde le nord de l’Ukraine. Les affrontements s’y sont poursuivis vendredi pour le quatrième jour consécutif, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, assurant que ces attaques ukrainiennes étaient « échecs »Cité par les agences de presse russes, le ministère a indiqué qu’il envoyait davantage d’équipements, notamment des lance-roquettes multiples, des pièces d’artillerie et des chars, pour contrer l’incursion ennemie.
Éviter un accident nucléaire
Face à cela « une tentative sans précédent de déstabiliser la situation dans un certain nombre de régions », Les autorités russes ont également annoncé dans la nuit de vendredi à samedi la mise en place du régime antiterroriste dans les régions de Koursk, Belgorod et Briansk. Ce régime prévoit notamment « restrictions de circulation pour les véhicules et les piétons dans les rues et les routes » et des restrictions sur l’utilisation des moyens de communication.
Le ministère de la Défense a confirmé que les troupes de Kiev avaient atteint Soudja, une ville russe de 5 500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière, plaque tournante du gaz qui alimente toujours l’Europe via l’Ukraine. Plusieurs médias russes ont diffusé une vidéo non vérifiée dans laquelle des personnes se présentant comme des habitants de la ville appellent à l’aide le président Vladimir Poutine. Selon les autorités russes, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées.
De son côté, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a appelé dans un communiqué à « retenue maximale pour éviter un accident nucléaire »La mission russe a déclaré avoir informé l’AIEA que « Des fragments et des restes, probablement des morceaux de roquettes interceptées », Des débris ont été retrouvés jeudi sur le site d’une centrale nucléaire près de la ville de Koursk. Selon son service de presse, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti, la centrale « fonctionne normalement » avec des niveaux de radiation normaux. L’agence nucléaire russe Rosatom a averti samedi que l’incursion ukrainienne dans la région de Koursk constituait une « menace directe » pour la centrale électrique située à moins de 50 kilomètres des combats. « En ce moment, il existe un réel danger de frappes et de provocations de la part de l’armée ukrainienne »Rosatom ajoute : Dans la région ukrainienne de Soumy, qui fait face à Koursk, la police a appelé à l’évacuation d’environ 20 000 personnes vivant dans 28 localités, en raison des frappes russes.
L’évolution des forces ukrainiennes participant à l’incursion n’est pas connue, les dirigeants ukrainiens s’abstenant jusqu’à présent de commenter l’ampleur et les objectifs de l’opération. « La Russie a apporté la guerre à notre pays et doit le ressentir » Les conséquences de cette opération, avait déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours. Cette opération sans précédent constitue un revers inattendu pour les Russes, qui avaient jusqu’alors l’initiative et gagnaient inexorablement du terrain dans l’est de l’Ukraine face aux soldats de Kiev, en infériorité numérique.
Le tableau de cette incursion dressé par les experts militaires montre une progression rapide des formations ukrainiennes, alors que dans d’autres parties du front, le conflit s’est transformé en guerre d’usure depuis fin 2022. Les soldats russes, plus nombreux et mieux équipés, gagnent du terrain ces dernières semaines dans la région de Donetsk et pourraient conquérir des villes importantes si cette tendance se poursuit, estiment les analystes.