En janvier, un document de l’état-major allemand divulgué à la presse imaginait le scénario d’une éventuelle « confrontation » entre l’OTAN et la Russie, faisant l’hypothèse que l’Ukraine finirait par se retrouver en difficulté. , faute de soutien suffisant de la part de ses partenaires occidentaux.
Ainsi, on a parlé d’une montée progressive des tensions, y compris de tentatives de déstabilisation des pays baltes selon le schéma d’une « guerre hybride ». Cependant, le risque d’un conflit ouvert avait été exclu, le scénario de la Bundeswehr ayant envisagé une situation bloquée, avec 500 000 soldats occidentaux et russes s’affrontant autour du couloir stratégique de Suwalki, entre la Pologne et la Lituanie.
Un tel exercice de prospective n’est pas un oracle… Si, en effet, on pouvait s’attendre à des manœuvres déstabilisatrices, celle que vient de mener Moscou n’avait pas été prévue. En effet, le Kremlin a récemment publié un décret visant à modifier unilatéralement les frontières maritimes que la Russie partage avec la Finlande et la Lituanie dans la mer Baltique.
Ainsi, en remettant en cause la méthode utilisée en 1985 pour déterminer les coordonnées géographiques à partir desquelles sont tracées les limites de ses eaux territoriales, la Russie a ainsi modifié, à son profit, sa frontière dans le golfe de Finlande ainsi que le domaine maritime de l’enclave (russe) de Kaliningrad, notamment au large des villes côtières de Baltiysk et Zelenogradsk.
Pour rappel, la Lituanie et la Finlande sont membres de l’Union européenne et de l’OTAN.
Le ministère russe de la Défense a indiqué que la modification de ces frontières maritimes entrerait en vigueur en janvier 2025. Et de la justifier en soutenant que les coordonnées géographiques établies au XXe siècle « ne correspondaient pas totalement à la situation géographique actuelle ».
Pour le moment, le gouvernement lituanien a convoqué « un représentant de la Fédération de Russie pour obtenir une explication complète » sur ce décret.
« Une nouvelle opération hybride russe est en cours, cette fois pour tenter de semer la peur, l’incertitude et le doute sur leurs intentions en mer Baltique », a commenté Gabrielius Landsbergis, le chef de la diplomatie lituanienne, via X (anciennement Twitter). « Il s’agit d’une escalade évidente contre l’OTAN et l’UE, qui doit faire l’objet d’une réponse ferme et adaptée », a-t-il insisté.
Le président lituanien Gitanas Nauseda a estimé que l’initiative russe « pourrait s’inscrire dans le cadre d’une action plus large contre l’OTAN ». Et d’ajouter : « Il s’agit d’une violation flagrante du droit international, non seulement en dénonçant le traité, mais aussi en parlant ou en diffusant des informations de cette nature ».
De son côté, la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a déclaré qu’elle « surveillait la situation », en attendant d’avoir « des informations officielles sur ce que prévoit Moscou ».
« La Russie est membre et partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Nous attendons seulement de la Russie qu’elle respecte cette convention », a poursuivi Mme Valtonen, après avoir assuré, sur X, que « la Finlande ne se laissera pas désorienter ».