La Russie découvre 511 milliards de barils de pétrole en Antarctique, préviennent les Britanniques
L’exploitation des hydrocarbures au pôle Sud est interdite, mais Londres s’inquiète des objectifs cachés de Moscou dans la région.
La Russie ne s’intéresse pas seulement à l’Arctique, où son influence historique s’est encore accrue ces dernières années, mais elle regarde également vers le pôle Sud. Moscou a ainsi découvert de gigantesques réserves d’hydrocarbures en Antarctique, représentant pas moins de 511 milliards de barils de pétrole, révèle le quotidien Le télégraphe . Les Britanniques ont d’abord été alarmés par cette nouvelle car l’or noir en question se trouverait principalement dans l’Antarctique britannique, vaste zone inhabitée de 1,7 million de km2 revendiquée également par le Chili et l’Argentine.
Les chiffres sont spectaculaires : le monde entier consomme environ 36 milliards de barils de pétrole par an, selon l’Energy Institute Statistical Review of World Energy 2023, tandis que le Télégraphe rappelle que ces 511 milliards de barils représentent « 10 fois la production totale de la mer du Nord sur 50 ans ».
« Acteur de mauvaise foi »
Il s’agit donc d’un eldorado potentiel, à un détail près, essentiel. Le Traité sur l’Antarctique de 1961, auquel la Russie est partie, interdit strictement l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans cette région du monde. A ce stade, Moscou nie avoir violé le droit international : les recherches menées par le navire Alexandre Karpinskiaffrété par Rosgeo, l’agence chargée d’identifier de nouvelles réserves géologiques à des fins commerciales, ne ferait que « scientifiques ». Mais les députés britanniques s’inquiètent d’un éventuel contournement du traité, après que les Russes ont envoyé la semaine dernière des preuves de leur découverte au Comité d’audit environnemental (EAC) de la Chambre des communes.
Jusqu’à présent, le vice-ministre britannique des Affaires étrangères, David Rutley, a néanmoins choisi de se fier aux promesses russes, déclarant devant ladite commission parlementaire que « La Russie a récemment réaffirmé son engagement envers les éléments clés du traité ». Un chèque en blanc qui ne convainc pas tous les experts. « Le Traité sur l’Antarctique est confronté à de nouveaux défis, notamment de la part de la Russie, acteur de mauvaise foi, et La Chine, de plus en plus affirmée Klaus Dodds, professeur de géopolitique au Royal Holloway College, a déclaré à l’EAC. Rosgeo s’est engagé dans des études sismiques et d’autres travaux d’enquête connexes. « Les activités de la Russie doivent être comprises comme une démarche visant à saper les normes associées à la recherche sismique et, en fin de compte, comme un précurseur d’une extraction plus poussée des ressources. ».
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Suite à la révélation des activités du navire russe en Antarctique britannique par un média sud-africain – leAlexandre Karpinski ayant accosté au Cap il y a un mois – l’EAC a donc décidé de contester la gestion du Foreign Office dans cette affaire, le Télégraphequi rappelle que la réunion annuelle des Etats signataires du Traité sur l’Antarctique se tiendra en Inde en mai.
Derrière cette découverte se cache finalement l’avenir de ce texte décisif pour le pôle Sud. S’il doit être révisé en 2048, tout État partie pourra également retirer sa signature et ne plus être soumis aux engagements du traité. « Il n’y aura jamais de délai raisonnable pour extraire les hydrocarbures de l’Antarctique. Toute tentative de les exploiter nous fera tous couler. »prévient le professeur Alan Hemmings, commandant de la station British Antarctic Survey lors de la guerre des Malouines entre l’Argentine et le Royaume-Uni en 1982, qui craint que les activités russes, mais aussi chinoises, ne rendent à terme le traité obsolète.
Pôle Nord et pôle Sud
Les tensions que l’on observe déjà dans l’Arctique pourraient donc retrouver leurs homologues à l’autre bout du globe. « Bien qu’elle n’ait aucune revendication territoriale en Antarctique, la Russie, aux côtés des États-Unis et de la Chine, a progressivement renforcé sa présence dans la région ces dernières années à travers diverses campagnes scientifiques, établissant cinq stations de recherche sur le territoire depuis 1957. »rapporte le magazine Semaine d’actualités .
En février 2024, les Russes suspendent leur participation financière au Conseil de l’Arctique, qui regroupe tous les États limitrophes de la région, tandis que Moscou accroît la militarisation de cette région et développe sa route commerciale du nord le long des côtes sibériennes, rendue plus facilement navigable avec les échanges mondiaux. réchauffement climatique et qui permet aux Russes de contourner l’Europe pour trouver des débouchés commerciaux maritimes vers l’Asie.