Cet hiver, les attaques russes contre le réseau électrique ukrainien ont été moins nombreuses que par le passé. Mais depuis mars, les infrastructures énergétiques du pays sont régulièrement ciblées.
« Nous supposons que nous avons ainsi une influence sur le complexe militaro-industriel de l’Ukraine », a justifié Vladimir Poutine, chef du Kremlin, lors d’une rencontre avec Alexandre Loukachenko, son homologue biélorusse, le 11 avril. « Nous avons assisté récemment à une série de frappes sur nos sites énergétiques et nous avons été obligés de réagir », a-t-il ajouté, faisant référence aux récentes attaques ukrainiennes contre des raffineries russes.
Quoi qu’il en soit, le rythme des frappes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes s’intensifie, comme en témoigne le raid lancé dans la nuit du 10 au 11 avril par les forces russes, ces dernières ayant lancé 40 drones « kamikaze » (ou munitions télécommandées, MTO). et autant de missiles contre des installations pétrolières, gazières et électriques situées dans les régions de Kiev, Kharkiv (nord-est), Zaporizhia (sud) et Lviv (ouest).
« Certains missiles et drones Shahed ont été abattus avec succès. Malheureusement, seulement une partie d’entre eux. Les terroristes russes ont une fois de plus ciblé des infrastructures critiques », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky via X (anciennement Twitter).
Située à environ 50 km au sud de Kiev, où elle est le plus grand fournisseur d’électricité, la centrale thermique de Trypilska a été « entièrement détruite », selon Centrenergo, son exploitant. Cette installation aurait été ciblée par les missiles de croisière Kh-69, récemment entrés en service au sein des Forces aérospatiales russes (VKS). C’est en effet ce que suggère le site spécialisé Defense Express, à partir d’une analyse des débris retrouvés sur le site ciblé.
Selon la même source, ce ne serait pas la première fois que le VKS utilisait des missiles Kh-69 : au moins un cas a été attesté en février dernier, par l’Institut de recherche scientifique et d’examen médico-légal de Kiev (KNDISE).
Développé par MKB Raduga sur la base du Kh-59MK2, le Kh-69 était jusqu’à présent associé au chasseur-bombardier Su-57 « Felon » de 5ème génération. Selon la présentation faite au salon d’armement Army 22 près de Moscou, cet engin serait capable d’emporter une charge militaire de 310 kg sur une distance de 290 kilomètres, en volant à une vitesse comprise entre 700 et 1000 km/h et à très basse altitude. , ce qui rend sa détection très difficile. Son mode de guidage combine une centrale inertielle et une géolocalisation par satellite (via la constellation Glonass, en l’occurrence). Enfin, il se déplace vers sa cible à l’aide d’un autodirecteur électro-optique.
En plus du Su-57 Felon, le Kh-69 peut être déployé par d’autres avions, tels que le bombardier tactique Su-34 « Fullback » et les avions multirôles Su-30 et Su-35 « Flanker ».
Si la Russie utilisait effectivement des Kh-69 contre la centrale thermique Kh-69, cela signifierait que la portée de cet engin est bien supérieure à celle annoncée, Defense Express l’ayant estimée à 400 km, ce qui est « suffisant pour toucher un nombre important de personnes ». de cibles sur le territoire ukrainien à partir d’avions tactiques, qui pourraient très bien s’approcher de la frontière ou de la ligne de front à une distance de 50 à 70 km.
Photo : Boevaya mashina – CC BY-SA 3.0