Face à la déclaration du président polonais qui affirmait que son pays était « prêt » à accueillir des armes nucléaires sur son territoire, le Kremlin a affirmé qu’il prendrait des mesures pour « garantir » la sécurité de la Russie.
La Pologne est prête à accueillir des armes nucléaires sur son territoire. Seulement si l’Otan, dont elle est membre, décidait de renforcer son flanc oriental face au déploiement de nouvelles armes par la Russie à Kaliningrad et en Biélorussie voisines, a déclaré le président polonais dans un entretien publié lundi 22 avril.
« Si nos alliés décident de déployer des armes nucléaires dans le cadre du partage nucléaire sur notre territoire afin de renforcer la sécurité du flanc oriental de l’OTAN, nous sommes prêts à le faire », a expliqué Andrzej Duda au quotidien populaire Fakt.
Interrogé sur cette possibilité, le porte-parole du Kremlin a déclaré lundi que la Russie garantirait sa « sécurité » si cela devait se produire.
« Les militaires analyseront bien entendu la situation et, dans tous les cas, prendront toutes les mesures de rétorsion nécessaires pour garantir notre sécurité », a déclaré Dmitri Peskov à la presse.
Des discussions avec les États-Unis depuis un certain temps
Le chef de l’Etat polonais, qui se trouve actuellement au Canada après une visite aux États-Unis, où il a notamment rencontré l’ancien président Donald Trump et visité l’ONU, a ajouté que la question d’un éventuel déploiement d’armes nucléaires en Pologne avait fait l’objet de discussions. discussions entre la Pologne et les Etats-Unis « depuis un certain temps ».
« J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises », a déclaré Andrzej Duda, qui a rencontré son homologue américain Joe Biden en mars.
Selon cette dernière, « la Russie militarise de plus en plus l’enclave de Kaliningrad. Elle est en train de transférer ses armes nucléaires vers la Biélorussie », deux territoires qui bordent la Pologne. En juin 2023, le président russe Vladimir Poutine a annoncé avoir transféré les premières armes nucléaires en Biélorussie.
Mardi, le Premier ministre polonais Donald Tusk doit rencontrer son homologue britannique Rishi Sunak et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à Varsovie.
Interrogé lundi par des journalistes à Varsovie, Donald Tusk a déclaré vouloir « connaître toutes les circonstances qui ont conduit le président (polonais) à faire cette déclaration ».
«Je tiens vraiment à ce que la Pologne vive en sécurité»
Depuis la victoire électorale de la coalition pro-européenne de Donald Tusk en octobre, la Pologne traverse une période délicate de cohabitation, Andrzej Duda étant un proche allié de l’ancien pouvoir nationaliste populiste.
« Je tiens beaucoup à ce que la Pologne vive en sécurité, qu’elle soit aussi bien armée que possible, mais j’aimerais aussi que toute initiative éventuelle soit avant tout très bien préparée par les personnes qui en sont responsables », a déclaré Donald Tusk.
Selon la Constitution polonaise, le Président de la République est formellement le chef suprême des forces armées, exerçant ses fonctions « par l’intermédiaire » du ministre de la Défense. Dans le domaine de la politique étrangère, il est tenu de « collaborer avec le Premier ministre et les ministres responsables ».
« J’attends avec impatience une rencontre avec le président Duda », a déclaré Donald Tusk.
Les deux hommes politiques se sont souvent affrontés sur la politique intérieure, mais leurs points de vue sur le soutien à l’Ukraine et la menace russe sont restés largement similaires.
Lors du sommet de Vilnius en 2023, les Alliés ont réaffirmé que l’OTAN ferait « tout ce qui est nécessaire pour garantir la crédibilité, l’efficacité, la sûreté et la sécurité de sa mission de dissuasion nucléaire, notamment en continuant à moderniser ses capacités nucléaires et à actualiser son processus de planification ».