La Russie accusée – Libération
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Selon « Le Canard enchaîné », les enquêteurs soupçonnent Moscou d’avoir commandité les actes de vandalisme recensés dans ce lieu de mémoire du cœur de Paris mardi 14 mai. Des accusations qui font écho à celles formulées contre la Russie en novembre, après la découverte de dizaines de cadavres. Étoiles de David sur les murs de la capitale.

Des tags à connotation antisémite, d’indignation nationale et, finalement, le sillage de manipulations orchestrées par la Russie. Ce scénario, testé à l’automne lorsque des dizaines d’étoiles de David ont été découvertes sur les murs d’immeubles en région parisienne, pourrait à nouveau être sur la table après la dégradation du Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris, recouvert de dessins de mains rouges dans la nuit du 13 au 14 mai. Selon les informations de Canard enchaîné Publié ce mardi 21 mai, les enquêteurs de la préfecture de police de Paris considèrent que cet acte de vandalisme s’inscrit dans un « Coup d’État de Moscou » destiné à déstabiliser la France.

L’hebdomadaire révèle que les enquêteurs, s’appuyant sur les images de vidéosurveillance et le marquage des téléphones portables, ont identifié deux tagueurs et un complice chargé de filmer la scène. Les trois hommes, tous bulgares, résidaient dans un hôtel du 20e arrondissement de Paris. Ils auraient quitté la capitale à bord d’un Flixbus à destination de Bruxelles immédiatement après la profanation du Mur des Justes, sur lequel sont inscrits les noms de près de 4 000 hommes et femmes qui ont contribué à sauver les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. .

« Un message codé envoyé à Macron »

Quelques mois plus tôt, le même procédé avait été utilisé par les Moldaves qui avaient apposé au pochoir des étoiles de David bleues à Paris, Saint-Ouen et Saint-Denis : ressortissants de pays d’Europe de l’Est. Quelques jours sont expédiés vers la capitale, un séjour dans un hôtel, une personne chargée de capturer les images, un départ précipité en bus vers la Belgique. En février, dans une note confidentielle dont le contenu a été révélé dans la presse, les services de renseignement intérieur français (DGSI) assuraient que cette opération avait été menée par les services de sécurité russes.

« Depuis l’expulsion, le 4 avril 2022, deune quarantaine d’espions déguisés en diplomates dans l’ambassade de Russie à Paris, Moscou manque d’agents pour mener ici ses opérations de déstabilisation. D’où le recours à des sous-traitants moldaves ou bulgares, qui arrivent juste le temps de réaliser leur travail. souligne un haut expert du renseignement cité par le canard enchaîné. Et pour continuer : « C’est un message codé envoyé à Macron pour lui dire que la Russie est capable d’agir sur le sol français quand elle veut et comme elle veut. »

Émotion accrue

Le journal satirique ajoute que la préfecture de police de Paris soupçonne des ressortissants moldaves d’être impliqués dans une autre affaire qui pourrait être une tentative de déstabilisation : des étiquettes portant l’inscription « Attention ! Chute possible du balcon » rapporté dans le quartier Notre-Dame à Paris, peu après que la Fédération nationale de l’immobilier ait alerté sur les risques de balcons s’effondrant sous le poids des spectateurs lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

« Dégrader le Mur des Justes parmi les Nations, barrière des Lumières contre le nazisme, c’est porter atteinte à la mémoire de ces héros ainsi qu’à celle des victimes de la Shoah », avait dénoncé le président de la République Emmanuel Macron au moment des faits, promettant que la République serait « inflexible face à un antisémitisme odieux ». La profanation du Mémorial de la Shoah avait suscité une émotion exacerbée par les tensions autour de la guerre dans la bande de Gaza et la multiplication des actes antisémites. D’autant que le symbole même des mains rouges a suscité la polémique fin avril, après avoir été utilisé par des étudiants de Sciences-Po Paris mobilisés pour un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Un geste qui avait valu à ces derniers des accusations d’antisémitisme, qu’ils se sont défendus, affirmant que les mains rouges sont un « symbole commun pour dénoncer le fait qu’une personne, ou une institution, ait du sang sur les mains. »

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