Lors du forum militaire Army-2024, qui s’est tenu du 12 au 14 août près de Moscou, le ministère russe de la Défense a annoncé l’installation du système de protection active Arena-M sur les nouveaux chars T-90M, rapporte le magazine américain Forbes. Le système est censé protéger ces véhicules de combat des drones kamikazes ukrainiens à vue subjective (FPV), qui ont causé des pertes considérables parmi les chars russes en Ukraine. La Russie a même été obligée d’éloigner ses véhicules blindés des lignes de front en raison de leur efficacité, ce qui a conduit à la création de zones sans chars jusqu’à dix kilomètres de long.
Le char de combat principal T-90M est déjà équipé d’un blindage sophistiqué composé de métal, de céramique et de matériaux composites, et offre une protection équivalente à près d’un mètre d’acier massif à l’avant. Problème : les drones kamikazes n’attaquent généralement pas de face, ce qui oblige les soldats russes à ajouter une protection supplémentaire, comme cages d’adaptation Bricolage ou structures métalliques (souvenez-vous du « bac à tortues »), sans grand succès.
Développé par le Bureau d’études mécaniques de Kolomna (oblast de Moscou), en Russie, le système Arena-M est conçu pour détecter et intercepter les menaces avant qu’elles n’atteignent le char. Cette protection active se compose de radars, d’un système de contrôle informatique et de lance-roquettes intercepteurs. Lorsqu’une menace est détectée, l’Arena-M tire une roquette qui explose à proximité de l’ennemi, pulvérisant des éclats capables de détruire la menace.
Protection limitée de haute technologie
Bien qu’il filtre les fausses cibles, comme les oiseaux et les petits projectiles, ce système de protection active n’est pas infaillible. Il crée alors une zone de danger d’une trentaine de mètres autour du char, ce qui représente un risque pour les fantassins. Les équipages de chars peuvent désactiver le système, mais ils s’exposent alors à des attaques de drones, comme ce T-90M détruit dans un entrepôt en juin dernier.
Avec seulement vingt-six roquettes, l’efficacité de l’Arena-M contre les drones kamikazes reste incertaine : une attaque coordonnée de plusieurs de ces robots pourrait donc rapidement épuiser ses munitions. De plus, ces petits engins peuvent voler à très faible vitesse, ce qui complique leur détection.
De son côté, l’Ukraine compte augmenter sa production de drones kamikazes FPV. L’objectif est d’en produire un million cette année et d’en importer un million de plus. D’autres appareils, comme des drones équipés d’un système de largage transformés en bombardiers, pourraient être utilisés pour contourner l’Arena. Ces derniers pourraient planer à une trentaine de mètres du sol, hors de portée des intercepteurs de l’Arena, et larguer des leurres pour épuiser la réserve de missiles.
Outre l’Arena-M, les responsables russes ont également dévoilé de nouveaux blindages supplémentaires pour le T-90M, dont un tapis en caoutchouc qui protège l’arrière de la tourelle et pourrait également masquer la signature thermique. Mais il n’est pas certain qu’il résiste aux attaques de drones kamikazes FPV. Alors que l’Ukraine intensifie ses attaques avec ces appareils, l’annonce de l’installation de l’Arena-M sur les chars russes – déjà promise en avril 2023 – semble plus destinée à rassurer les équipages qu’autre chose.