Au début des années 2010 et à la suite de la publication d’une revue stratégique de défense et de sécurité (SDSR), le gouvernement dirigé par le conservateur David Cameron, récemment arrivé au pouvoir, a décidé de retirer prématurément du service plusieurs équipements militaires et de mettre un mettre un terme à certains programmes d’armement jugés trop coûteux. L’idée était alors de réaliser des économies afin de financer d’autres priorités dans un contexte budgétaire contraint.
Sa taille devant être réduite à nouveau à environ 82 500 soldats, l’armée britannique fut contrainte de se réorganiser tandis que la Royal Navy dut désarmer plusieurs navires, dont ses deux derniers porte-avions de classe Invincible (HMS Ark Royal et HMS Illustrious) et retirer son Harrier. Le GR.9 embarque des chasseurs hors service sans pouvoir les remplacer immédiatement. La même potion amère a été appliquée à la Royal Air Force qui a dû, entre autres, abandonner son nouvel avion de patrouille maritime Nimrod MRA A4. Neuf appareils en cours d’assemblage ont donc été détruits.
Quatorze ans plus tard, et alors que les conservateurs ont dû laisser le pouvoir au Parti travailliste, la même logique s’appliquera toujours aux forces britanniques, toujours dans le but « d’économiser de l’argent », même si la nouvelle majorité a promis d’augmenter leur budget à 2,5 %. % du PIB (sans toutefois donner de calendrier précis pour atteindre cet objectif). Et ce, sans attendre les conclusions de la nouvelle SDSR ordonnée en juillet dernier.
En effet, le 20 novembre, le ministre britannique de la Défense, John Healey, a annoncé que plusieurs équipements, dont l’entretien est jugé trop coûteux, allaient être retirés prématurément du service, sans être remplacés à court terme. Et de justifier cette décision par le « trou noir d’un milliard d’euros dans les plans de défense » laissé par ses prédécesseurs.
« Pendant trop longtemps, nos soldats, marins et aviateurs ont été contraints de continuer à utiliser des équipements anciens et obsolètes, parce que les ministres ne voulaient pas prendre les décisions difficiles de démanteler » ces équipements, a fait valoir M. Healey, devant le Parlement. Ce faisant, l’objectif est d’économiser 500 millions de livres sterling sur cinq ans.
A priori, l’armée britannique s’en sort plutôt bien. Il faut dire qu’elle a été le plus souvent sollicitée pour faire des économies ces dernières années. Elle devra cependant se séparer de ses drones tactiques Watchkeeper WK450 d’ici mars prochain, alors qu’elle prévoyait de les conserver jusqu’en 2042.
La Royal Air Force devra retirer ses plus anciens hélicoptères de manœuvre, dont quatorze CH-47 Chinook et vingt-trois Puma HC2. Le remplacement de ce dernier est incertain, Airbus Helicopters et Lockheed-Martin ayant refusé de participer à l’appel d’offres NMH (New Medium Helicopter) lancé par Londres à cet effet.
Quant à la Royal Navy, elle devra désarmer les pétroliers auxiliaires RFA Wave Knight et RFA Wave, admis au service il y a à peine vingt ans. Après avoir dû retirer du service deux frégates de type 23 (HMS Argyll et HMS Westminster) en mai dernier, elle devra se séparer d’une troisième, en l’occurrence le HMS Northumberland, un navire qui avait fait parler de lui après un suivi « mouvementé ». d’un sous-marin russe, en décembre 2020. Son retrait s’explique par la découverte de dégâts structurels si graves que sa réparation ne serait pas financièrement rentable.
Avec cette décision, la Royal Navy ne pourra déployer que 9 frégates Type 23, tandis que celles de Type 26 (ou classe « City ») ne seront pas opérationnelles avant 2027.
Enfin, la marine britannique devra elle aussi se passer du HMS Albion et du HMS Bulwark, soit ses deux derniers navires d’assaut amphibies. En janvier, leur sort a été suspendu, faute de marins en nombre suffisant pour les mettre en œuvre.
Toutefois, le prédécesseur de M. Healey, Grant Shapps, a assuré qu’ils resteraient en service jusqu’en 2033/34, soit jusqu’à leur remplacement par six navires du programme MRSS (Multi Role Support Ship). Il rassure par la même occasion ceux qui s’inquiètent du sort des Royal Marines, spécialistes des opérations amphibies.
« Ni l’un ni l’autre (HMS Albion et HMS Bulwalk), compte tenu de l’état dans lequel ils se trouvent et des décisions prises par le dernier gouvernement, n’étaient prêts à reprendre la mer. En d’autres termes, ils avaient en pratique été retirés du service, mais les ministres n’étaient pas prêts à l’admettre », a déclaré M. Healey.