« Nous vivons en enfer. J’aimerais que vous en rendiez compte. » Philippe Hélis a beaucoup à cœur lorsqu’il s’exprime mardi 23 avril. Le comité de ligne, forum annuel de dialogue avec les usagers du TER, se tient à Pons, où réside cet enseignant. Chaque jour, il fait l’aller-retour jusqu’à Pessac, près de Bordeaux. « Depuis un an et demi, c’est dommage. Nous sommes traités comme n’importe quoi. Je perds tous mes espoirs dans le transport ferroviaire », grogne ce « banlieusard…
« Nous vivons en enfer. J’aimerais que vous en rendiez compte. » Philippe Hélis a beaucoup à cœur lorsqu’il s’exprime mardi 23 avril. Le comité de ligne, forum annuel de dialogue avec les usagers du TER, se tient à Pons, où réside cet enseignant. Chaque jour, il fait l’aller-retour jusqu’à Pessac, près de Bordeaux. « Depuis un an et demi, c’est dommage. Nous sommes traités comme n’importe quoi. Je perds tous mes espoirs dans le transport ferroviaire », grogne ce voyageur « pendulaire ».
La ligne 15 est en retard. En 2023, la proportion de trains annulés sur l’axe La Rochelle-Saintes-Bordeaux atteint 17,8 %, contre 9,9 % en 2022. Dans 8,1 % des cas, la cause vient des TER eux-mêmes ; dans 9,7%, elle était externe.
Les trois derniers mois de 2023 ont été extrêmement éprouvants pour les utilisateurs, terribles, parfois même choquants
La SNCF détaille les raisons au niveau régional en 2023 : 67 % des annulations de trains étaient liées à des mouvements sociaux, notamment des grèves contre la réforme des retraites ; 34,7% aux incidents réseau ; 11,5%, à un problème de personnel, avec 10% de jeunes conducteurs à intégrer progressivement ; 12,3 % aux conséquences des intempéries (inondations, tempêtes) et de l’effondrement d’un remblai près d’Angoulême. Certaines causes peuvent se combiner, aboutissant à un total supérieur à 100 %.
Un quart du parc cassé
« Les trois derniers mois de 2023 ont été extrêmement éprouvants pour les usagers, terribles, parfois même choquants », reconnaît Renaud Lagrave. Le vice-président du Conseil régional chargé des transports et de la mobilité met en avant les conséquences des intempéries qui ont causé des dégâts sur un quart du parc. « On ne l’a peut-être pas dit assez fort, mais pour les chemins de fer, les trois tempêtes successives sont l’équivalent de la tempête de 1999. Depuis des mois, nous critiquons la SNCF pour des informations qui ne sont absolument pas à la hauteur. Heureusement, grâce au travail effectué, nous avons retrouvé une régularité. » Sur les trois premiers mois de 2024, le taux de suppression est tombé à 6,8 %.
« Les grosses difficultés datent de la rentrée 2022 », objecte Philippe Hélis. Selon lui, « les 7 % de trains annulés sont ceux des « navetteurs », les premiers le matin et les premiers le soir. » Il regrette également l’absence de TER desservant des petites villes comme Pons ou Montendre entre 16h56 et 18h56. Le créneau est occupé par les Intercités, qui dépendent directement de la SNCF, sans compatibilité entre les deux réseaux.
Rames surchargées
Les usagers soulignent également les trains qui ont été pris d’assaut à leur arrivée dans la zone périurbaine. « Nous sommes conscients de tout cela. Aujourd’hui, nous avons chaque jour 110 trains surchargés. Nous venons de commander 18 rames. La bête, c’est 12 millions d’euros, quand même », répond Renaud Lagrave. Les représentants de SNCF Voyageurs notent scrupuleusement les réclamations. « Nous avons des engagements, nous sommes suivis de près là-dessus. Nous examinons quotidiennement les causes pour les traiter. Vous avez raison, les trains malades doivent être soignés. »
Ces contre-performances n’empêchent pas la fréquentation d’augmenter. En 2023, la ligne 16 (Angoulême-Saintes-Royan) a enregistré 2 900 usagers par jour, soit 69 par train (+ 11 %) ; ligne 17 (Niort-Saintes), 700 usagers par jour soit 50 par train (+ 17 %). Malgré une baisse de 8%, la 15 reste très fréquentée avec 5.300 usagers par jour, 95 par train. L’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine affiche une hausse de 5,5% en 2023.