Le réalisateur Nessim Chikhaoui est venu aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer pour présenter son film inspiré des grèves des femmes de chambre des hôtels parisiens. Un mélange de comédie et de film social.
Le film « Petites mains » sort aujourd’hui 1er mai, jour de la Fête du Travail : « C’est comme un signe, symboliquement ça fait sens », dit le réalisateur Nessim Chikhaoui, venu aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer pour présenter ce film. long métrage co-écrit avec l’actrice et réalisatrice Hélène Fillières. L’histoire s’inspire des longues grèves des femmes de chambre des hôtels Park Hyatt et Ibis Batignolles à Paris. Au sein de cette dernière, Rachel Keke a dirigé le mouvement social et a depuis été élue à l’Assemblée nationale française. Son histoire à elle seule aurait pu justifier un film, mais le cinéaste a élargi son propos : « Je trouvais injuste que seule cette lutte soit représentée, et j’ai trouvé intéressant qu’elle se déroule dans un palais », explique-t-il.
C’est donc dans un palace parisien, où le « petit » personnel est en grève et a symboliquement planté un piquet de grève sur le trottoir, qu’arrive la jeune Eva, incarnée par Lucie Charles-Alfred (qui a joué dans le premier film de Nessim Chikhaoui, « Places »). , et a eu un petit rôle dans la série « Sambre »). « Eva est assez proche de moi, raconte l’actrice qui a appris à faire un lit carré : « J’ai été formée pendant deux jours au Bristol.
Eva est « quelqu’un qui vit dans un hôtel social et nettoie les chambres d’un palais ». Elle s’adapte difficilement au protocole rigoureux et aux exigences de l’établissement de luxe et est considérée comme une briseuse de grève, engagée temporairement pour remplacer une de ces « Petites Mains » qui en ont assez d’être exploitées et invisibles, et pour ont autrefois osé se révolter. Eva a rejoint l’équipe de Safiatou, Aissata, Violette… et Simone, l’ancienne capricieuse incarnée par Corinne Masiero. Épuisée et fatiguée par des décennies de déplacements longue distance, Simone continue de faire des heures supplémentaires au gymnase, malgré ses maux de dos.
Solidarité, entraide, humanité
« Avec Corinne Masiero, c’était un peu du sport. Elle est fidèle à ce qu’on sait d’elle, mais je voulais quelqu’un d’engagé », explique Nessim Chikhaoui, qui a choisi l’actrice qui interprète le célèbre « Capitaine Marleau » à la télévision. Il a également confié le rôle d’une syndicaliste à Kool Shen (de NTM), presque méconnaissable : « Je voulais que quelqu’un accompagne ces femmes qui mènent la lutte. Il était déjà un peu syndicaliste dans sa jeunesse, il était porte-parole de la jeunesse à la NTM», ajoute le directeur.
« Tous les palaces parisiens ont refusé de tourner le film, sauf le Bristol », explique Nessim Chikhaoui, qui a glané quelques anecdotes sur la clientèle aisée des palaces parisiens. Mais son véritable sujet est le contraste entre la précarité du personnel, composé pour la plupart d’ouvrières issues de l’immigration, et le faste de ces hôtels, où une seule nuit peut coûter dix fois plus cher que le salaire mensuel d’une femme de chambre.
Certes, « Petites mains » parle de solidarité, d’entraide et d’humanité, mais le film oscille entre la simple comédie (Nessim Chikhaoui est co-scénariste de « Les Tuche ») et le film social, avec des séquences passant d’un genre à l’autre, depuis un défilé de mode improvisé par des grévistes lors de la Fashion Week jusqu’à ce que ces mêmes manifestants soient violemment délogés par les CRS. Il en résulte une forme de positivisme et de confiance dans la lutte sociale, qui correspond finalement bien à l’esprit du 1er-Mai.
Patrick TARDIT
« Petites mains », un film de Nessim Chikhaoui, avec Lucie Charles-Alfred, Corinne Masiero, Kool Shen (sortie le 1er mai).