La résistance aux antibiotiques pourrait causer plus de 39 millions de décès d’ici 2050
Selon une étude de modélisation publiée dans « The Lancet », la résistance aux antibiotiques fait craindre une augmentation de 70 % des décès liés aux bactéries résistantes aux antibiotiques.
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Bien que le phénomène soit connu, ses conséquences n’étaient pas encore quantifiées. Pour la première fois, une étude évalue l’impact de la résistance aux antibiotiques au fil du temps et tente d’estimer son évolution. Selon les résultats, qui concernent plus de 200 pays, révélés lundi 16 septembre dans la revue médicale La LancetteLes scientifiques sont formels : dans les 25 prochaines années, 39 millions de personnes dans le monde risquent de mourir de bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est presque autant que la population du Canada.
Déjà reconnue comme un défi sanitaire majeur, la résistance aux antibiotiques – lorsque des bactéries ou d’autres agents pathogènes subissent des changements qui les empêchent de répondre aux traitements antimicrobiens – devrait s’aggraver.
Face à ces médicaments de plus en plus utilisés, les bactéries développent en effet des mécanismes de défense génétiques et il s’agit d’un problème de santé aussi grave que le VIH ou le paludisme, écrivent ces chercheurs. Ils ont étudié les données de 520 millions de personnes et ont découvert que, de 1990 à 2021, plus d’un million de personnes par an dans le monde ont succombé directement à la résistance aux antibiotiques.
En détail, les chercheurs ont examiné 22 agents pathogènes, 84 combinaisons entre agents pathogènes et traitements, 11 syndromes infectieux chez des personnes de tous âges provenant de 204 pays et territoires.
Au cours des trois dernières décennies, le nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans directement imputables à la résistance aux antibiotiques a diminué de plus de 50 %, grâce à l’amélioration de la prévention et du contrôle des infections chez les nourrissons et les jeunes enfants. Les infections sont devenues moins fréquentes chez ces enfants, mais lorsqu’elles surviennent, elles sont devenues plus difficiles à traiter. Dans le même temps, le nombre de décès d’adultes de 70 ans et plus a augmenté de plus de 80 % au cours de cette période, car la population vieillit rapidement et les personnes âgées sont plus vulnérables aux infections.
Le nombre de victimes directes pourrait atteindre 1,91 million par an dans le monde d’ici 2050, soit un bond de plus de 67 % par rapport à 2021, selon les modèles des chercheurs. D’ici le milieu de ce siècle, la résistance aux antibiotiques jouerait un rôle plus important dans 8,22 millions de décès chaque année, soit une augmentation de 74,5 % par rapport à 2021. Au total, entre 2025 et 2050, la résistance aux antibiotiques pourrait directement causer plus de 39 millions de décès dans le monde et serait associée à 169 millions de décès, estiment les scientifiques.
Aujourd’hui, la résistance aux antibiotiques provoque déjà 5 500 décès par an en France. Cette étude réalisée par Lancette rappelle donc qu’en l’absence de découverte de nouvelles générations d’antibiotiques, la seule solution est d’éviter la surconsommation de ces médicaments, tant chez l’homme que chez l’animal.