Après la publication de l’essai de la Renault 5 e-tech, plusieurs personnes m’ont répondu sur les réseaux sociaux qu’il ne s’agissait que d’une Renault Zoé rebadgée ou recarrossée. Vrai ou faux ?
La nouvelle Renault 5 e-tech ne serait qu’une Zoé actualisée. C’est le type de commentaires que vous voyez sur les réseaux sociaux. Certaines réactions jugent donc, du coup, que l’engouement autour de ce modèle est exagéré et que les éloges lors des essais de la R5 seraient artificiels. Une méfiance qui mérite attention.
Même si je n’ai qu’un lointain souvenir d’essai d’une Renault Zoé (ZE40), les deux modèles n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Bien entendu, cette remarque de similitude ne concerne pas le design intérieur et extérieur ; si l’on se concentre sur la plateforme ou sur la tenue de route, il n’y a pas grand chose de comparable non plus. Pourtant, cette remarque est revenue fréquemment ces derniers jours.
La Zoé et la Renault 5 sont-elles vraiment identiques ?
Une évolution des caractéristiques qui peut faire douter
Ce que l’on entend par modèle rebadgé signifie qu’un constructeur reprend la base technique d’un modèle existant chez un partenaire, modifie certains éléments esthétiques (façade, signature lumineuse, etc.) et y ajoute ses armoiries, avant de commercialiser ce modèle dans sa gamme. En cas de modification plus importante, il ne s’agit plus tout à fait d’un rebadging. Cependant, dans le cas de la R5 e-tech, les changements impliqués ne sont pas seulement esthétiques.
Si la Renault 5 dépoussière le style de la marque française, le constructeur a adopté des recettes déjà éprouvées pour la partie technique. C’est là que des doutes peuvent surgir, et poser la question de savoir s’il s’agit d’un nouveau produit ou d’une simple déclinaison d’un véhicule existant. Alors faisons le point.
Renault s’appuie toujours sur ses moteurs synchrones à rotor bobiné. Le groupe est fier d’utiliser des moteurs qui n’utilisent pas de terres rares, même si cette technologie présente également des défauts. Cela ne change donc pas par rapport à Zoé au niveau de l’appellation. Cela ne veut pas dire que le moteur n’a pas évolué, bien au contraire. Celui du R5 est plus compact et plus léger que le précédent. Il a également évolué au niveau de la boîte de vitesses. Le moteur de la Zoé répondait au code 5AQ, tandis que celui de la Renault 5 est le 6AK.
La taille de la batterie a peut-être également renforcé cette impression. La dernière génération de Zoé utilisait une batterie de 52 kWh pour 390 km d’autonomie. Il s’avère que la batterie de la R5 e-tech fait également 52 kWh pour 410 km avec la norme WLTP, soit une différence de seulement 20 km. Des éléments qui, pour certains, suffisent à conclure que les batteries sont identiques d’un modèle à l’autre. Or, c’est inexact : le fournisseur, l’organisation des modules et la taille du pack n’ont rien de commun.
Les deux voitures partagent-elles vraiment la même plateforme ? Si Renault n’est probablement pas parti de zéro pour la R5, il semble un peu hâtif de conclure qu’il s’agit d’un retour à l’ancienne base de la Zoé. D’autant que la Renault 5 e-tech intègre une suspension multibras à l’arrière, un élément que ne possédait pas la Zoé.
Parmi les changements notables entre la Zoé et la R5, le chargeur est complètement différent. Sur la R5, tout est regroupé en un seul élément. Ce faisant, il perd la capacité de recharge AC à 22 kW et doit se contenter de 11 kW en courant alternatif. Il bénéficie en revanche des fonctions V2L et V2G, ainsi que de la recharge en courant continu à 100 kW crête. Cela fait déjà beaucoup de changement pour une simple évolution.
Et, côté sensations de conduite ?
On n’obtient pas les mêmes sensations au volant d’une Renault 5 qu’avec une Zoé, n’en déplaise aux fans de Zoé. Cependant, je n’ai pas eu l’occasion de tester les versions les plus récentes – on pourrait donc s’en rapprocher. Renault 5 me semble apporter beaucoup de plaisir, d’agilité et de dynamisme par rapport à la Zoé.
Les données de la fiche technique ne permettent pas de déceler de similitudes notables :
Zoé R135 | Renault 5 autonomie confort | |
---|---|---|
Pouvoir | 135 ch (100 kW) | 150 ch (110 kW) |
Couple | 245 Nm | 245 Nm |
Vitesse maximale | 140km/h | 150km/h |
0 à 100km | 9,5 secondes | 8,0 secondes |
Capacité de la batterie | 52 kWh | 52 kWh |
Fournisseur de batterie | LG | Envisager l’AESC |
Chargement CC | 50 kW (si option) | 100 kW |
Il faut ajouter que comme Mégane ou Scénic, la Renault 5 dans sa finition haut de gamme dispose du système OpenR Link, qui s’appuie sur les services Google. On est également très loin de la génération Zoé dans toute la partie technologique de ce modèle.
Il est tout à fait normal qu’un constructeur ne réinvente pas la roue à chaque fois. À aucun moment Renault ne s’est engagé à réaliser un modèle qui n’utiliserait aucune technologie ou pièce du passé, ce qui n’aurait guère de sens. De plus, s’appuyer sur l’existant permet aussi de contenir les prix avec des composants dont la production et l’assemblage sont maîtrisés.
Si tout cela ne vous a pas convaincu que les Renault 5 et Zoé sont très différentes, malgré des données vaguement similaires, la meilleure chose à faire est probablement de l’essayer par vous-même. Ce sera certainement le meilleur moyen de vérifier si les journalistes en font vraiment trop pour cette « Zoé rebadgée à gros coups marketing ».
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