la relocalisation de la production de poudre, un enjeu stratégique pour la France

Les spécialistes militaires estiment que les artilleurs ukrainiens disposent de huit fois moins de munitions que les artilleurs russes. Outre la difficulté des Occidentaux à produire et à acheminer ces munitions, la poudre explosive manque également. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, devait visiter jeudi le site d’Eurenco à Bergerac, en Dordogne. Une visite finalement annulée. Le ministre visitera seulement un site de production de drones à Toulouse.

Substances dangereuses et hautement explosives

L’industriel français produit des explosifs et des poudres pour munitions d’artillerie. Un enjeu stratégique pour la France. La production de poudre va être délocalisée sur le territoire. Jusqu’à présent, il fallait l’expédier depuis la Suède ou l’acheter auprès de fournisseurs italiens, allemands ou suisses. L’industriel français Eurenco a investi 60 millions d’euros sur son site de Bergerac et une nouvelle usine sera opérationnelle au début de l’année prochaine.

Chaque année, 1 200 tonnes de poudre propulsive devraient sortir de l’usine, ce qui permettrait, sur le papier, aux canons Caesar de tirer jusqu’à 80 000 obus de 155 mm. Soit une autonomie d’à peine quinze jours sur le front pour les Ukrainiens qui, au plus fort de la guerre, tiraient jusqu’à 6 000 obus par jour.

« Nous ne sommes qu’au début de la reprise de l’industrie des munitions », relativise un diplomate. « Cela va prendre du temps », poursuit-il. D’autant que la renaissance de la poudre à canon française doit se faire dans un cadre de sécurité optimal. C’est une industrie qui manipule des substances très dangereuses et hautement explosives. Les conditions de transport et de stockage sont drastiques. À l’été 2022, une explosion sur le site d’Eurenco à Bergerac avait fait huit blessés, dont un grièvement.