La Région Guadeloupe perquisitionnée dans le cadre d’une enquête sur le Mémorial Acte
L’argent public, notamment européen, a-t-il été gaspillé pour le Mémorial ACTe ? Les responsables successifs du centre dédié à la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage sont, en tout cas, dans le collimateur du Parquet national financier. Plusieurs « écarts et irrégularités coûteuses » sont pointés du doigt.
Des agents du Parquet national financier (PNF) ont procédé à des perquisitions auprès de plusieurs organismes, dont la Région Guadeloupe, dans le cadre d’une enquête sur le Mémorial ACTe, Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage inauguré en mai 2015 et qui siège le bord de mer à Pointe-à-Pitre.
Suite à une transmission de la Cour des Comptes en mai 2019, sur des irrégularités présumées dans la passation de plusieurs marchés publics, le PNF a saisi, le mois suivant, le service d’enquête judiciaire financière (SEJF) pour ces faits « susceptible de constituer une atteinte aux intérêts financiers de l’Union européenne« , selon une source judiciaire.
Les locaux du Conseil régional, du bailleur social, promoteur et exploitant immobilier Semsamar (Société d’économie mixte du patrimoine) et d’un bureau d’ingénierie culturelle BICFL, ont été perquisitionnés lundi 22 avril 2024.
Début 2019, un rapport sur l’utilisation des fonds européens à l’étranger soulignait «des écarts et irrégularités coûteux » dans l’opération de réalisation du MACTe.
Les magistrats ont dénoncé un «attribution de crédits« Européens »décidée dans la précipitation en 2014, après que la Commission européenne a confirmé le retrait définitif de la programmation 2007-2013 d’un projet de plateforme de traitement des déchets ménagers« , « un manque fréquent de respect des procédures » comme pour les marchés publics, un manque de contrôle des coûts excessifs de maîtrise d’œuvre, malgré les validations de contrôle de légalité.
Fin 2019, on apprenait que trois marchés publics passés sous les présidences de Victorin Lurel puis Ary Chalus étaient concernés : la délégation de maîtrise d’œuvre (2010 et son avenant en 2017), les prestations de pré-ouverture et d’ouverture du musée jusqu’à fin 2015 et celle autour de la gestion et du fonctionnement du MACTe pour 2017.
L’institution culturelle défraie régulièrement la chronique.
En novembre 2023, la Chambre régionale des comptes a examiné sa gestion administrative, scientifique et politique, débouchant sur un réquisitoire du procureur général près la Cour.
Le président Ary Chalus ainsi que l’actuel directeur général ont également été entendus, en début de semaine, par les autorités du parquet général près la Cour des comptes.
Enfin, son ancien directeur général, cité en justice pour atteinte à la liberté d’accès aux marchés publics, attend la décision fin avril.