Après avoir été suspendue, la réforme de l’assurance chômage de Gabriel Attal est enterrée. C’est ce qu’a assuré Michel Barnier aux partenaires sociaux reçus cette semaine à Matignon. Soucieux de renouer le dialogue social, le Premier ministre envisage également de redonner le contrôle aux syndicats et au patronat. Non sans conditions. Avec un déficit de plus de 6 % du PIB, une dette française de 3 228 milliards d’euros, le premier impératif est budgétaire. En vitesse de croisière, la réforme Attal qui durcissait les règles d’indemnisation devait rapporter 3,6 milliards d’euros par an au régime.
Le gouvernement Barnier entend toujours faire des économies, même si elles sont moindres. C’est donc aux partenaires sociaux de trouver des leviers pour améliorer les comptes. L’autre condition concerne le calendrier. Syndicats et patronat devront très vite se mettre d’accord car le décret qui gère l’accord d’assurance chômage ne sera plus valable le 31 octobre. Pour la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, « une négociation flash est tout à fait possible ». Même son de cloche du côté du bloc patronal.
440 millions d’euros d’économies
D’autant que, pour gagner du temps, les partenaires sociaux devraient, selon plusieurs sources, s’inspirer de l’accord qu’ils ont conclu en novembre 2023. Pour dégager de l’argent, ils devront toutefois modifier certains paramètres. . En coulisses, les syndicats proposent déjà de mettre un terme à la réduction de cotisations de 0,05% que les employeurs avaient alors négociée. Soit 1,5 milliard d’euros par an. « Évidemment, les employeurs ne seront pas très solidaires, mais vu l’état des finances, les employeurs savent aussi qu’ils doivent participer à l’effort »fait valoir une source gouvernementale.
Michel Barnier souhaite également relancer les négociations autour de l’emploi des seniors, qui étaient au point mort au printemps. « Avec l’objectif, avant tout, de décaler, pour l’assurance chômage, le secteur seniors de deux ans pour l’adapter à la réforme des retraites »confie une source patronale. Concrètement, à France Travail, les conditions spécifiques aux seniors débuteraient alors à 55 ans, contre 53 ans aujourd’hui. Le Premier ministre demande également aux partenaires sociaux de se mettre d’accord sur des mesures encourageant les salariés âgés à travailler plus longtemps.
Car là aussi, l’argent est le nerf de la guerre. Sur la partie senior, le gouvernement vise au moins 440 millions d’euros d’économies, en cumulé, jusqu’en 2027. Prudent, Michel Barnier a dévoilé, en partie, ses intentions, sans se montrer catégorique. Le Premier ministre devrait être plus précis lors de son discours de politique générale mardi. La plupart des partenaires sociaux se disent déjà disposés à négocier. Ne serait-ce que pour saisir l’opportunité de reprendre le contrôle de ce dossier.