La réforme de la formation des enseignants suscite une grande perplexité dans les universités
Un mois s’est écoulé depuis les déclarations du chef de l’État, le 5 avril, et rien n’est venu compléter les annonces d’une nouvelle réforme de la formation des enseignants, deuxième chantier sous la présidence d’Emmanuel Macron. Dans la communauté universitaire, première concernée, l’élan restait suspendu, dans l’attente des orientations des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.
Pour marquer leur incompréhension, les formateurs d’enseignants ont organisé, lundi 6 mai, une « journée morte » dans les instituts nationaux supérieurs de l’enseignement et de l’éducation (Inspe), dédiée à devenir « les écoles normales du 21ee siècle « dans le projet présidentiel.
Selon les engagements pris par M. Macron, les universités devront proposer dès la rentrée 2024 « Modules supplémentaires » qui permettra aux étudiants de préparer le concours de recrutement, décalé en fin de troisième année de licence (bac+3), qui aura lieu au printemps 2025. A ce jour, les principaux intéressés, universitaires ou étudiants qui envisagent une carrière dans l’enseignement, ne disposent d’aucun texte officiel les définissant.
« Cette réforme n’est connue pour l’instant qu’à travers un PowerPoint fuité des services ministériels et à travers les interventions médiatiques du président de la République et du gouvernement »a noté dans une motion, adoptée le 19 avril, le conseil d’administration de l’Université d’Orléans, qui demande le report de la réforme «pour permettre la concertation et la négociation».
Loin de la réalité des universités autonomes
Seule certitude : les universités ne bénéficieront d’aucun moyen supplémentaire, ni pour mettre en œuvre ces modules en 2024, ni pour ouvrir, en 2025, les licences pour préparer à l’enseignement scolaire, ce que le président de la République a réclamé. le 5 avril. « L’objectif de cette réforme est d’ouvrir ces secteurs universitaires (…) et de le faire en fermant aussi d’autres secteurs qui ont moins de débouchés »a-t-il déclaré.
« Un cap est fixé, mais il est très impréciscommente Pierre Verschueren, historien et formateur à l’Inspe de l’Université de Franche-Comté. On ne sait pas qui doit enseigner ces fameux modules. Il y en aura dans l’histoire, sans doute, mais pour quelles périodes précisément ? Ils sont quatre et ce ne sont pas les mêmes professeurs pour chacun. Nous attendons. »
« Tout est fait pour mettre en difficulté les équipes de l’Inspe et de l’université, d’autant que les textes-cadres annoncés ne rentrent dans rien »tacle le syndicat Snesup-FSU au sujet des fiches de présentation des épreuves de concours qui circulent depuis fin avril sans avoir été envoyées aux organisations syndicales de l’enseignement supérieur. « Ces incertitudes qui pèsent sur les étudiants et les personnels s’apparentent à de la maltraitance institutionnelle »estime Anne Roger, sa secrétaire générale.
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