Une volte-face de dernière minute. Employés de l’hebdomadaire Mariannesur le point d’être racheté par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Edouard Stérin, ont déclaré dans un communiqué publié jeudi qu’ils étaient unanimement opposés à l’offre du créateur des Smartbox. La raison? Un article de Monde publié jeudi détaillant les nombreux liens entre les proches de Pierre-Edouard Stérin et la campagne du Rassemblement national pour les législatives anticipées. Le quotidien expose notamment le rôle central du financier François Durvye, numéro 2 de Stérin au sein de son fonds d’investissement Otium Capital, et qui conseille Marine Le Pen sur son programme économique. Libérer avait déjà fait part en mars dernier de son appartenance aux Horaces, ce club influent qui œuvre depuis des années à la victoire du RN. Également impliqué, Alban du Rostu, directeur général du Fonds de Bien Commun et émissaire de Stérin auprès des salariés de Marianne. Selon le mondeil aurait proposé ses services à Eric Ciotti après l’annonce de son alliance avec le RN, afin de lui trouver de nouvelles équipes. Autre élément nouveau qui a fait changer d’avis les salariés de l’hebdomadaire, le « financement indirect » de la famille Le Pen « par l’achat d’un bien immobilier », ou encore la villa de Jean-Marie Le Pen à Rueil-Malmaison pour 2,5 millions d’euros.
« Les derniers éléments portés à notre connaissance concernant Pierre-Edouard Stérin rendent les garanties d’indépendance obtenues par la rédaction insuffisantes pour exercer notre métier avec sérénité.écrire aux employés de Marianne dans leur communiqué de presse. Ce qui semblait être un engagement idéologique individuel se révèle être une entreprise partisane (…) La nature de l’offre de rachat est définitivement modifiée.» La rédaction de l’hebdomadaire a alors demandé à son actuel propriétaire Daniel Kretinsky (également créancier de Libérer), et à son bras droit Denis Olivennes, de « mettre fin au processus de négociation et commencer à chercher de nouveaux acheteurs », tout en menaçant d’utiliser tous les moyens disponibles, y compris la grève, s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Selon un journaliste de MarianneDenis Olivennes aurait annoncé qu’il viendrait rencontrer les journalistes jeudi après-midi à 15 heures
De nouveaux acheteurs ?
Le revirement des salariés de Marianne est d’autant plus inattendu qu’il intervient après un vote vendredi dernier au cours duquel la majorité de la rédaction (60,3% des votants) ne s’est pas prononcée en principe sur l’offre de Pierre-Edouard Stérin. La période de négociations exclusives entre le groupe CMI (qui détient Marianne) et le milliardaire doivent également prendre fin le 30 juin. Et, tant du côté du CMI que du côté de Stérin, aucun obstacle ne semblait s’opposer à la transaction, autre que de simples détails sur les garanties négociées avec la rédaction. A tel point que les différents partis ont laissé entrevoir la concrétisation de cette affaire avant le week-end.
De nouveaux acheteurs peuvent-ils être intéressés Marianne ? Le lancement de l’hebdomadaire en avril a attiré peu de monde. Outre Stérin, l’homme d’affaires Jean-Martial Lefranc, ancien patron de Fleurus presse et éditeur du magazine l’Ecran Fantastique, s’est dit encore dans la course ces derniers jours, au point de déposer mercredi une offre au CMI. Pour le financer, il a fait appel à plusieurs associés, dont l’identité a été révélée lundi par La Lettre. Il s’agit de Philippe Corrot, fondateur de la licorne Mirakl, éditeur de plateformes de places de marché, Henri de Bodinat, ancien patron de Sony Music et du Club Med, qui a également relancé le magazine Actuel avec Jean-François Bizot en 1979, et enfin du trentenaire. Joan Beaufort, homme d’affaires âgé d’un an, qui a fait fortune dans le marketing numérique et les jeux vidéo. De quoi convaincre CMI et la rédaction ? Des deux côtés, de gros doutes subsistaient encore ces derniers jours sur ses capacités de financement.