« La qualité n’est pas la même s’ils sont en extérieur ou enfermés » : les producteurs de canards s’inquiètent des effets du confinement
Alors que le passage de la France à « haut risque » de grippe aviaire se traduit par le confinement des canards, les professionnels de l’élevage et du gavage s’inquiètent de ses conséquences sur la qualité de leurs produits.
Il est presque 10 heures du matin et des dizaines de clients venus de toute la région attendent patiemment le coup de sifflet, le traditionnel « départ » du marché gras de Gimont. Les fêtes de fin d’année approchent, c’est une évidence. La menace de la grippe aviaire aussi. De quoi inciter les clients à venir faire leurs courses au plus vite en ce dimanche 10 novembre, dès que la situation s’aggrave.
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Habitué du rendez-vous, ce client de Fontenilles (Haute-Garonne) est venu faire le plein de foie gras. S’il a pu trouver son bonheur sans problème, une vingtaine de producteurs ayant mis en vente plus de 300 pièces ce matin-là, le choix lui paraissait autrefois plus large. « Il y a 4 ou 5 ans, j’avais l’impression qu’il y avait plus de producteurs. Maintenant, j’ai l’impression qu’il y en a un peu moins. C’est peut-être dû à la grippe aviaire », commente-t-il.
« Ça commence toujours à peu près au même endroit. »
Cette impression semble largement partagée, tant auprès des consommateurs que des producteurs. Plutôt discrète sur le territoire depuis la première campagne de vaccination, lancée en octobre 2023, la grippe aviaire n’a pas épargné la profession ces dernières années. Sa résurgence fait donc craindre le pire à la filière depuis la détection du virus au début du mois dans un élevage de canards des Landes. « C’est inquiétant car ça commence toujours à peu près au même endroit, dans les Landes ou les Pyrénées-Atlantiques », témoigne Jean-Michel Dainèse, producteur à Saint-Médard. « Je suis assez pessimiste car dans quelques temps, cela pourrait arriver. J’espère que je me trompe. »
Alors que la France passe en « risque élevé » de grippe aviaire, les premiers effets se font déjà sentir, le confinement des canards et des volailles étant à nouveau obligatoire sur tout le territoire, et particulièrement dans le Gers. Une décision accueillie avec inquiétude et circonspection par les producteurs, comme l’a souligné Jean-Michel Dainèse. « Il s’avère que les autres années, cela n’a pas vraiment été une solution. La grippe aviaire continue de se propager », a-t-il déclaré.
« Les canards marchent moins donc ils se musclent un peu moins »
Au-delà des questions autour de son efficacité présumée, soulevées également par certains syndicats agricoles, le confinement est pointé du doigt pour ses effets néfastes sur la qualité du produit. « Les canards ne sortent pas, ils sont moins bien emplumés. Les éleveurs doivent beaucoup pailler et ils n’ont pas forcément la paille dont ils ont besoin en termes de volume », explique Jean-Michel Dainèse. Un constat partagé par cette famille de producteurs de Haute-Garonne : « Les canards marchent moins donc ils se musclent un peu moins. Ils ne prennent pas beaucoup de poids donc quand on les gave, c’est un peu plus compliqué et un un peu plus difficile à vendre, car ils sont plus petits.
Producteur à Esparsac (Tarn-et-Garonne), Lionel Bonnevie a résumé le problème rencontré avec le confinement : « La qualité des canards n’est pas la même qu’ils soient en plein air ou enfermés. » Pour les consommateurs comme pour les producteurs, mieux valait donc ne pas rater ce marché.