La productivité au travail a chuté en France en 2022

Publié le 26 janvier 2023 à 18 h 00
C’était déjà le cas en 2020 et 2021. L’année 2022 ne fait pas exception : la productivité du travail marque le pas en France, dans le secteur marchand non agricole. La productivité par tête a perdu 3% au troisième trimestre 2022, par rapport à 2019, révèle une étude de la Dares, l’institut de la statistique du ministère du Travail, publiée jeudi.
La productivité horaire a également baissé de 2,9 % en 2022, par rapport à 2019. Les auteurs du rapport soulignent que ces deux indicateurs se sont écartés des tendances qui prévalaient avant la crise du Covid. En effet, la productivité au travail avait augmenté, légèrement mais régulièrement, depuis 2015.
En 2022, la productivité par tête est donc nettement en décalage avec les prévisions initiales (-6,4 %) et la productivité horaire est dans une situation similaire (-5,4 %).
Pour expliquer ce phénomène, les auteurs du rapport avancent plusieurs hypothèses. « L’augmentation du nombre d’alternants, a priori moins productifs que le reste des personnes en emploi car plus jeunes, moins expérimentés et travaillant moins d’heures du fait de leur temps de formation, est l’une des causes possibles de la récente baisse de la productivité du travail », écrivent-ils.
La part de l’alternance dans l’emploi salarié augmente
Depuis 2019, le recours aux alternants a considérablement augmenté en France, du fait de politiques publiques favorables à leur recrutement. La réforme Pénicaud de 2018 a libéralisé la création des Centres de formation d’apprentis (CFA) et les primes de 6 000 euros à l’embauche des jeunes, décidées dans le cadre du plan de relance, ont maintenu la dynamique. La Dares estime que 930 000 contrats d’apprentissage étaient en cours en septembre 2022, contre 450 000 en 2019. En conséquence, la part de l’alternance dans l’emploi salarié augmente, atteignant 4 % au troisième trimestre 2022, contre 2,7 % fin 2018.
Pas le seul facteur
Mais l’utilisation de l’alternance n’est pas la seule explication. En effet, selon les calculs des auteurs du rapport, ce phénomène jouerait sur la baisse de la productivité jusqu’à un cinquième. Ils mettent également en avant l’apparition, dans les calculs, de salariés qui n’étaient pas inscrits auparavant « en raison de la régularisation du travail dissimulé », dans le but de percevoir une aide au chômage partiel, ou « une substitution de travailleurs résidents ou de travailleurs détachés retournés dans leur pays d’origine ».
Dans certains secteurs, touchés par une baisse d’activité, la « rétention de la main-d’œuvre par les entreprises » pourrait aussi être l’un des facteurs de cette baisse de productivité. Enfin, les auteurs de l’étude pointent le « nombre important d’arrêts maladie qui perdurent depuis la crise sanitaire ».