Les nouvelles les plus importantes de la journée

La prise de pouvoir de Vladimir Poutine

La prise de pouvoir de Vladimir Poutine
Lors d'une manifestation de soutien à la junte burkinabè et réclamant le départ de l'ambassadeur de France et des forces militaires, à Ouagadougou, le 20 janvier 2023.

Deux jours avant de disparaître dans le crash de son avion, Evgueni Prigojine avait laissé un testament. Le 21 août 2023, le chef du groupe de mercenaires russes Wagner, qui n’avait plus donné signe de vie depuis sa rébellion avortée contre le Kremlin deux mois plus tôt, avait publié une vidéo sur les réseaux sociaux. « Tout va bien. Je suis en Afrique. Nous recrutons de vrais héros et continuons à remplir les missions qui nous sont confiées. », dit-il, l’expression impassible au milieu d’un paysage désertique. En treillis, serré dans un gilet pare-balles, une arme automatique à la main, Evgueni Prigojine appelle les volontaires à rejoindre Wagner, à « Rendre l’Afrique plus libre ».

Le message semble également être adressé à son ancien allié, le président russe Vladimir Poutine, comme pour signaler à l’homme qui l’appelle désormais « traître » que sa disgrâce s’arrête aux frontières russes. En Afrique, son empire militaire, commercial et informationnel, construit depuis 2017 dans quatre pays – le Soudan à l’est, la Libye au nord, le Mali à l’ouest et la République centrafricaine – est bien établi. Il ne sait pas encore que son voyage en Afrique est son dernier.

Le Kremlin n’a attendu que deux jours après les funérailles d’Evgueni Prigojine pour récupérer son héritage le plus précieux. Le 31 août 2023, un avion militaire décolle de Moscou à destination du continent africain. À son bord se trouvent le vice-ministre de la Défense Yunus-bek Yevkurov et le général Andrei Averianov, commandant du GRU, la direction du renseignement militaire russe. Les deux hommes ont été mandatés par Vladimir Poutine.

Lire aussi la deuxième partie de l’enquête | Article réservé à nos abonnés La méthode Wagner, au service des ambitions russes en Afrique

L’instruction dictée tient compte des erreurs passées. «  Afin de ne pas perdre à nouveau le contrôle opérationnel d’une formation armée, les autorités russes ont décidé de séparer clairement les composantes commerciales, de propagande et militaires de l’ancien empire Prigojine.analysent les chercheurs Filip Bryjka et Jedrzej Czerep, co-auteurs d’un rapport sur la stratégie africaine de la Russie à l’Institut polonais des affaires internationales. Sous la direction du ministère de la Défense, trois services de renseignement sont chargés de récupérer et de faire prospérer les différentes branches de Wagner : le GRU s’occupe des paramilitaires, le FSB, les services de sécurité russes, du réseau de propagande, et le SVR, le renseignement extérieur, de l’influence culturelle.

Le Burkina Faso est en tête des priorités du Kremlin. Le 31 août, Yunus-bek Yevkurov et Andreï Averianov atterrissent sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou. A la présidence, le capitaine Ibrahim Traoré, putschiste au pouvoir depuis septembre 2022, les attend. Dans l’un des salons VIP, la rencontre entre les deux délégations est chaleureuse.

Il vous reste 86.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Quitter la version mobile