"La prévention fonctionne, mais il faut se préparer à une hausse significative des prix", affirme le patron d'Axa
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« La prévention fonctionne, mais il faut se préparer à une hausse significative des prix », affirme le patron d’Axa

Le risque climatique constitue aujourd’hui l’un des principaux risques pour les assureurs en France. Il faut absolument « protéger l’assurabilité des entreprises et des particuliers » en « misant sur la prévention », prévient Thomas Buberl, le patron d’Axa assurances.

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Thomas Buberl, patron d'Axa assurances, invité éco du 27 juin 2024. (FRANCEINFO/RADIOFRANCE)

Axa est l’un des leaders mondiaux du secteur de l’assurance, avec 7 millions de clients en France. En 2023, le coût des catastrophes climatiques a atteint 6,5 milliards d’euros en France, soit une augmentation de 40% par rapport aux 10 dernières années. Pour aborder l’avenir, le patron, Thomas Buberl veut développer la prévention et l’utilisation de technologies qui permettent de mieux anticiper les événements climatiques qui se sont multipliés.

Thomas Buberl : Les risques climatiques, tout cela coûte très cher et on ne s’attendait certainement pas à un tel niveau de risque en 2023. Les événements majeurs prévisibles à temps, comme les ouragans, coûtent parfois moins cher, car la prévention mise en place par les États, les entreprises et les individus aident et travaillent. Cependant, nous avons beaucoup de nouveaux événements – inondations, sécheresses, incendies – qui apparaissent là où nous ne réfléchissons pas, c’est pourquoi la prévention est difficile, et c’est ce qui alourdit la facture.

Axa est présent dans une cinquantaine de pays. Est-ce une spécificité française ou percevez-vous la difficulté de prévoir ces phénomènes partout dans le monde ?

Malheureusement, on voit ce phénomène partout. En Chine, aux Etats-Unis, en Europe, partout. En France, on a trouvé un mécanisme qui est un mix privé et public qui fonctionne très bien et qui permet aussi d’alléger ce poids des charges par les sinistres.

Avec les bonus dits « Cat Nat » pour les catastrophes naturelles. En effet, c’est un système un peu particulier, public-privé. On a vu que l’État avait prévu d’augmenter la prime Cat Nat en 2025. Quelles seront les répercussions sur les prix des assurances ?

Si l’on veut que l’assurance fonctionne et reste un outil de confiance, la facture doit « fonctionner ». Cela signifie que si les sinistres augmentent, les primes doivent également suivre. Nous avons un taux de perte beaucoup plus élevé et c’est pourquoi le sujet de la prévention est si important.

Quelle sera l’augmentation attendue l’année prochaine ?

Ce n’est pas encore clair car encore une fois, il faut voir exactement quels sont les coûts. Mais si le coût était 40 % de plus en 2023 par rapport aux dix dernières années, l’augmentation ne sera jamais de cet ordre, mais il faut se préparer à une augmentation significative.

Pour les particuliers et les entreprises ?

Exactement, oui.

Vous avez dit : « Le plus important c’est la prévention ». Que faites-vous pour mettre en place la prévention et ne pas finir par devoir payer des assurances de plus en plus chères ?

Tout d’abord, la bonne nouvelle est que nous voyons clairement que la prévention fonctionne. Si nous voulons construire une nouvelle usine, nous devons la construire dans un endroit moins dangereux. Si nous devons reconstruire, nous devons le faire avec des méthodes plus durables qu’auparavant. Il existe de nombreuses mesures que nous pouvons prendre pour éviter de futures catastrophes.

En gros, vous ne fournissez pas d’assurance si elle ne répond pas au cahier des charges ?

Non, notre politique est d’aider. C’est dans notre intérêt, car nous sommes tous là pour protéger l’assurabilité du risque. Personne n’a intérêt à ce qu’un risque ne soit plus assurable. Sinon, on tombera dans une fracture sociale dont personne ne veut. Et c’est pour cela que tout le monde, États, assureurs, particuliers, entreprises ont intérêt à se protéger et à faire davantage de prévention.

Par exemple, nous devons penser à modifier les cycles de plantation pour éviter la sécheresse. Nous devons également exploiter les opportunités offertes par les nouvelles technologies, grâce aux images satellite et aux capteurs, pour comprendre quel type de risque d’incendie nous pouvons avoir. Les méthodes ne manquent pas et les entreprises souhaitent de plus en plus recourir à ces moyens. Nous avons créé une société au sein d’Axa, baptisée Axa Climat, qui compte aujourd’hui plus de 200 scientifiques spécialisés dans le climat, qui conseillent et aident les entreprises à s’adapter.

Est-ce un nouveau marché pour vous ?

Oui, mais il y a beaucoup de demandes et c’est quelque chose qui marche, qui n’existait pas il y a quelques années, et qui peut permettre de réduire la facture – pour les particuliers comme pour les entreprises – et de maintenir l’assurabilité de ces risques.

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