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La preuve en cartes : en Europe, on fait travailler les gens jusqu’à ce qu’ils soient bons à jeter


Alors que le monde du travail s’est retrouvé en masse à défiler dans les rues partout en France jeudi dernier, Elisabeth Borne semble à ce jour têtue à mener à bien sa réforme des retraites, pourtant rejetée par une écrasante majorité de la population.

Une réforme injuste et injustifiée qui s’inscrit dans une tendance générale européenne à faire travailler plus longtemps. Car, on nous dit sur tous les plateaux et sur tous les tons : on vit plus longtemps, donc il faut travailler plus longtemps. Et si on examinait cet argument ?

Quel âge vivons-nous réellement aujourd’hui ? Selon Eurostat, l’espérance de vie à la naissance est de 80,4 ans en 2020 en moyenne dans l’ensemble des 27 pays composant l’Union européenne (contre 80 en 2010). En France, il est de 82,3 contre 81,8 en 2010.

Premier constat donc, cette réforme des retraites n’est pas justifiable par une augmentation récente de l’espérance de vie puisque celle-ci stagne en Europe, et tend même à baisser ces dernières années.

Une année de vie en bonne santé gagnée en 20 ans

De plus, toutes les années ne sont pas égales. En Europe, le nombre d’années vécues sans problème de santé grave ou modéré (espérance de vie en bonne santé) s’élève en 2020 à 64 ans au total (contre 63 ans en 2004). Nous avons donc gagné une année de vie en bonne santé en 20 ans. En France, ce chiffre est légèrement supérieur, 64,6 ans (63,3 ans pour les hommes, 65,3 pour les femmes) contre environ 63 ans en 2004. Là encore, cela représente à peine plus d’une année de belle vie gagnée en 20 ans.

Ces évolutions justifient-elles le relèvement de l’âge de la retraite ? Évidemment pas. D’ailleurs, c’est justement en comparant ces chiffres d’espérance de vie en bonne santé et les durées légales pour pouvoir prendre sa retraite que devient visible le côté cruel de ces réformes des retraites. Car en effet, imposer un âge légal d’accès à la retraite à 64 ans alors même que l’espérance de vie en bonne santé est aussi de 64 ans, cela revient ni plus ni moins à supprimer les années de retraite en bonne santé. Autrement dit, c’est comme faire travailler les gens jusqu’à ce qu’ils soient prêts à partir. Quel beau projet social…

Le tableau est encore plus sombre si l’on considère les catégories sociales. En 2018, l’Insee a mené une étude pour mesurer les différences d’espérance de vie selon le niveau de richesse de la population française. La conclusion de l’étude est bien connue mais néanmoins révoltante : plus on est riche, plus on vit longtemps. Plus vous êtes pauvre, plus vous mourrez jeune. La relation entre la richesse et la durée de vie est presque linéaire.

Corriger les inégalités de la vie ou les aggraver

Et cela est particulièrement marqué chez les hommes. En 2012-2016 (années considérées dans cette étude), l’espérance de vie à la naissance des 5 % d’hommes les plus aisés (dont le niveau de vie moyen est de 5 800 euros par mois) était de 84,4 ans. Mais pour ceux qui font partie des 5 % les plus pauvres (dont le niveau de vie moyen est de 466 euros par mois), leur espérance de vie chute à 71,7 ans. Entre les hommes riches et les hommes pauvres, il y a donc une différence d’espérance de vie de 12,7 ans. Presque 13 ans. Un trou.

Derrière la question de la réforme des retraites, c’est donc tout un projet de société qui est en jeu. Notre système de retraite doit-il servir à corriger les inégalités de vie ou à les aggraver ? Doit-on tolérer un système économique qui envoie les pauvres au cimetière 13 ans avant les riches ? Sommes-nous d’accord que nos aînés vivent dans la précarité et le dénuement alors que des milliards sont accumulés par le capital ? Évidemment pas. Alors mobilisons-nous !

Nicolas Lambert est ingénieur de recherche CNRS en sciences de l’information géographique au RIATE : https://riate.cnrs.fr. Il est militant communiste et membre du réseau Migreurop. Il anime également un blog, « cahier néocartographique », et est très actif sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme « cartographe encarté » @nico_lambert.

Chaque mois, il nous présente une ou plusieurs fiches accompagnées d’un commentaire pour nous aider à comprendre et appréhender autrement une information, une question de société ou un débat. Nicolas Lambert a participé à la réalisation de plusieurs oeuvres telles que l’Atlas de l’Europe dans le monde (2008), l’Atlas des migrants en Europe (2009, 2012, 2017), Manuel de cartographie (2016, publié en anglais en 2020) et furieux Plans (2019). Il enseigne la cartographie à l’Université de Paris.

Retrouvez ici toutes les cartes interactives qu’il a réalisées pour Humanité.


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Cammile Bussière

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