JOURNAL – Après la large victoire du RN aux élections européennes et la décision du président de dissoudre l’Assemblée, les médias du monde entier sont dubitatifs, qualifiant par exemple Emmanuel Macron d’« animal politique blessé ».
« Tremblement de terre politique », « décision surprise », « Un pari énorme »… Les médias étrangers ne manquent pas de qualificatifs pour évoquer la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées, quelques minutes après la publication des premiers résultats du vote européen du 9 juin.
L’annonce du chef de l’État appelant à la dissolution est « Peut-être une façon pour Macron de montrer qu’il a entendu les critiques »évoque le Washington Post tandis que la majorité présidentielle subit un sérieux revers aux élections européennes : Valérie Hayer, tête de liste Renaissance, obtient 15,2% des suffrages, soit la moitié de Jordan Bardella, et à peine mieux que le candidat PS – Place Publique Raphaël Glucksmann à 14 ans %.
Le chef de l’Etat « On parie peut-être sur le fait que les votes de protestation ont figuré en bonne place lors des élections au Parlement européen et que les gens pourraient voter différemment lorsqu’ils se concentreront sur la France. » En effet, les élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prendraient alors la forme d’un « référendum sur le gouvernement Macron »souligne encore le quotidien américain.
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« Des répercussions imprévisibles »
La dissolution constitue donc un risque : « Si le parti présidentiel perd aux législatives, Emmanuel Macron pourrait rester président, mais il aurait les mains liées »souligne le quotidien conservateur Les temps . Ce dernier évoque alors une théorie qui veut que le président « espère forcer les Républicains de centre-droit à conclure un accord avec son camp centriste pour empêcher le rassemblement d’accéder au pouvoir. » Une hypothèse également partagée par le quotidien italien Le Giornalequi souligne que «Le pari du président français est désormais de demander aux Français de retirer du pouvoir le Rassemblement national et de chercher à élire une majorité plus large.» Pour le journal italien Corriere della sera (Centre-droit), Emmanuel Macron « joue la carte du désespoir d’une élection anticipée, dans laquelle il espère relancer un improbable front républicain contre le Rassemblement national de Le Pen et l’étoile montante Bardella.« .
Emmanuel Macron va donc parier « sa crédibilité politique sur un pari qui pourrait bien lui laisser une minorité réduite et un vote écrasant pour le RN », avance le journal libéral britannique L’économiste . Cette décision politique est une « Duel capital pour la France et pour l’Europe »souligne le quotidien conservateur espagnol ABC. «Si les alliés de Macron et les partis pro-européens, à commencer par le Parti socialiste, remportent les prochaines élections législatives, les partisans de l’euro, de l’UE et de l’Alliance atlantique les gagneront.» Mais si le parti de Marine Le Pen gagnait, « l’onde de choc aurait des répercussions imprévisibles » sur le reste du mandat de cinq ans.
« Dribbler le Rassemblement national en le dépassant »
De nombreux médias internationaux analysent alors ce choix comme une tentative d’Emmanuel Macron de sauver les trois dernières années de son quinquennat. C’est « un pari fou : dribbler le Rassemblement national en le devançant » en imposant des élections à très court terme, affirme le quotidien libéral belge Le soir, avec un président français qui « prendre la responsabilité » de la campagne à venir. « L’animal politique blessé veut-il montrer qu’il rugit toujours et qu’il peut à nouveau s’imposer au centre du jeu ? »demande La Libre Belgique.
En effet, la victoire potentielle du Rassemblement National aux prochaines élections législatives placerait le parti nationaliste en mesure de placer un Premier ministre à Matignon. Une hypothèse qui pourrait néanmoins s’inscrire dans la stratégie d’Emmanuel Macron visant à discréditer le parti nationaliste, analyse plus loin Les temps. « Certains commentateurs disent que Macron pourrait parier que si le rassemblement remporte les élections et se retrouve à la tête du pays en temps de crise, sa popularité chutera avant 2027, lorsque la France choisira son nouveau président. »explique le quotidien britannique.