La présidence ukrainienne se défend après les révélations du Wall Street Journal
C’est la première fois qu’une enquête détaille le sabotage de gazoducs russes en mer Baltique en 2022. Selon le quotidien américain, l’Ukraine en est responsable, mais Kiev a qualifié jeudi cette accusation d' »absurdité absolue ».
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Alors que les forces ukrainiennes revendiquent de nouvelles avancées dans la région de Koursk, en territoire russe, à Kiev les autorités sont accusées d’avoir saboté le gazoduc Nord Stream, en mer Baltique. Selon les révélations du Wall Street JournalC’est bien l’Ukraine qui en est responsable et Volodymyr Zelensky en était conscient. La présidence ukrainienne s’est de son côté défendue, jeudi 15 août, de cette accusation du quotidien américain.
C’est la première fois qu’une enquête détaille ce sabotage audacieux qui alimente les spéculations depuis près de deux ans. Selon le quotidien américain, qui s’est entretenu avec de hauts gradés ukrainiens, l’opération serait née d’un défi lancé autour d’un verre entre officiers et hommes d’affaires. C’était en mai 2022. Attaquer les deux pipelines qui transportent le gaz russe vers l’Europe et fournissent des milliards à la machine de guerre du Kremlin leur semblait une excellente idée. Les hommes d’affaires ont mis l’argent (il fallait au total 300 000 dollars) et les militaires spécialistes des missions clandestines se sont mis au travail.
Quatre mois plus tard, un voilier est loué dans le port allemand de Rostock, sur la Baltique. A son bord, six personnes, moitié militaires, moitié civiles, des plongeurs expérimentés, dont une femme d’une trentaine d’années pour faire croire à un groupe d’amis en croisière. L’équipage embarque de l’explosif HMX, dont une petite quantité suffit à ouvrir les conduites à haute pression. Ils opèrent à 80 mètres de profondeur et, au petit matin du 26 septembre, trois puissantes explosions éventrent le gazoduc, ce qui, pendant une semaine, va faire bouillir la mer et libérer des centaines de milliers de tonnes de gaz.
Pour le Wall Street JournalC’est le général Valéry Zaloujny, à l’époque commandant en chef de l’armée ukrainienne, qui a supervisé l’opération. Le président Volodymyr Zelensky aurait donné son accord, bien sûr. Mais lorsque la CIA a eu vent de ce qui se préparait, elle lui a ordonné de tout arrêter. Saboter le gazoduc aurait aggravé la crise énergétique en Europe. Volodymyr Zelensky a emboîté le pas et a donné l’ordre de suspendre l’opération. Sauf que l’équipage était déjà sur le voilier.C’est trop tard« , Zaluzhniy aurait répondu au chef de l’État : « C’est comme une torpille, une fois que vous la lancez sur l’ennemi, vous ne pouvez plus la récupérer.« De son côté, la justice allemande, qui a émis un mandat d’arrêt contre l’un des plongeurs présents sur le voilier, est beaucoup plus prudente sur l’implication directe de Volodymyr Zelensky.
Jeudi, Kiev a nié être derrière ce sabotage : Valery Zaluzhniy, aujourd’hui ambassadeur d’Ukraine au Royaume-Uni, qui le protège des poursuites, a déclaré n’en rien savoir et que les forces armées ukrainiennes n’étaient de toute façon pas autorisées à effectuer des missions à l’étranger. Le conseiller du président Mikhaïlo Podoliak a pour sa part parlé d’une » opération de sabotage « .absurdité absolue« Cette opération, a-t-il dit, n’intéresse pas l’Ukraine car Kiev risque de s’aliéner ses alliés occidentaux. Deux ans plus tard, les conclusions de l’enquête pourraient en effet refroidir à la fois Washington et Berlin, les deux plus gros fournisseurs de fonds et d’équipements militaires de Kiev.