Une nouvelle étape franchie pour EDF à Flamanville. Après le démarrage de l’EPR mi-mai et la chargement du combustible dans la cuve du réacteur,Le PDG de l’entreprise, Luc Rémont, a indiqué samedi lors des 24èmes Rencontres économiques d’Aix-en-Provence que l’opération « divergence » du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche) était » imminent « , assurant que les délais étaient désormais comptés » dans des jours ou des semaines « .
La divergence est la première réaction de fission nucléaire du réacteur, qui conduit à la production d’électricité. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait estimé cette date fin juin, après 17 ans d’un projet compliqué, où les contretemps techniques et les retards ont été nombreux, pour une facture dépassant les 13 milliards d’euros, soit quatre fois le montant initial.
» Nous avons des équipes qui travaillent jour et nuit, nous les laissons travailler « , a ajouté le dirigeant, précisant néanmoins » que l’imminence ne se comptait pas en mois, mais en jours ou en semaines « .
L’étape suivante, le » couplage » (ou le raccordement au réseau électrique) sera réalisé une fois que le réacteur aura atteint 25% de sa puissance. C’est à ce moment-là que les premiers électrons seront envoyés vers le réseau normand. EDF estime que cette nouvelle étape clé aura lieu au cours de l’été. Une nouvelle autorisation de l’ASN sera nécessaire pour dépasser ce palier. Le gendarme nucléaire interviendra une dernière fois dans ce long processus de démarrage : après que le réacteur aura atteint 80 % de sa puissance, afin de l’autoriser à atteindre sa puissance nominale. Un délai prévu » à la fin de l’année « , a confirmé le dirigeant.
L’EPR est le 57e réacteur français et le plus puissant du parc nucléaire national. Il est installé à Flamanville à côté de deux réacteurs plus anciens.
Les EPR2 plus faciles à construire
Par ailleurs, l’électricien compte s’appuyer sur le retour d’expérience de différents chantiers EPR à travers le monde pour optimiser la construction de ses futures machines, baptisées EPR2.
Le groupe 100% public ne pourra toutefois pas profiter pleinement des effets de série entre l’EPR de Flamanville et ces EPR2, qui ne seront pas des copies conformes des premiers. En effet, leur conception générale, dont la finalisation est attendue dans le courant de l’été, doit être grandement simplifiée.
« L’EPR était un projet franco-allemand, explique Gabriel Oblin, Directeur du projet EPR2 chez EDF. Nous avons décidé de ne pas reconduire certaines options qui lui étaient prévues, comme la possibilité d’effectuer des opérations de maintenance dans le bâtiment réacteur lorsque celui-ci est à pleine puissance. Une pratique appliquée dans l’exploitation des centrales nucléaires allemandes, mais pas françaises.
Il précise : « L’EPR2 ne comportera alors qu’une seule paroi épaisse au niveau de l’enceinte du bâtiment réacteur, et non deux comme dans l’EPR. Ce choix améliore la constructibilité du réacteur sans aucun compromis sur la sûreté. »
EDF prévoit également de rationaliser les références utilisées dans les futurs réacteurs. « Concernant les tuyaux, il y aura 40% de références en moins, dit Gabriel Oblin. Et sur les portes, qui sont des objets complexes, le nombre de références sera divisé par trois. »
L’électricien compte également sur la préfabrication de certains éléments, afin de désengorger le chantier. Sur le site de Penly, qui accueillera la première paire d’EPR2, « Les lots de génie civil seront assemblés en bordure du chantier, en haut de la falaise, puis déposés par l’une des plus grandes grues du monde », explique. Un certain nombre de soudures doivent également être réalisées en atelier, « un environnement plus favorable à la qualité », assure « Monsieur EPR2 ».
(Avec AFP)