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La première Ferrari électrique va faire du bruit


Ferrari n’a pas l’intention de rester muette face à l’avènement de la voiture électrique. Ses futurs modèles pourraient même « jouer de la flûte ».

 » Un moteur électrique n’est pas silencieux  » Et ce sera (presque) tout pour l’instant.

Lors d’une conférence de presse organisée pour l’ouverture de la nouvelle usine d’assemblage de Ferrari, fin juin, Benedetto Vigna, le patron de la marque, a donné de petits indices sur la première voiture électrique prévue par la marque transalpine. Maranello a notamment confirmé qu’elle serait présentée à la fin de l’année prochaine et commercialisée en 2026. Le PDG – c’est son titre exact – de Ferrari n’a toutefois pas voulu en dire plus sur le positionnement ou le prix du futur modèle.

D’autre part, il a évoqué devant une cinquantaine de journalistes les sensations liées à un véhicule électrique : « Lorsque vous achetez une Ferrari, il y a plus que le sonexplique Benedetto Vigna. Oui, il y a le son, mais il y a aussi la transmission, le freinage, les G. Tous ces éléments doivent être mélangés de la bonne manière. Et surtout — et c’est très important — un moteur électrique n’est pas silencieux. « .

La carte son

Vols secs des V12, cris métalliques des V8, grondements puissants des V6 turbocompressés. Une grande partie de l’attrait exercé par les Ferrari sur la route comme sur la piste jusqu’à présent vient de l’ouïe et de la mélodie des moteurs thermiques.

De plus, la conduite sportive traditionnelle se fait aussi « à l’oreille » : changements de timbre du moteur indiquant une perte de traction, son indiquant le moment exact où changer de vitesse… Toutes les sensations sont étouffées ou étouffées lorsque vous êtes assis dans une voiture propulsée par un moteur électrique.

Certains constructeurs ont contourné le problème en utilisant des haut-parleurs. C’est le cas de la Porsche Taycan avec un sifflet de vaisseau de science-fiction, de la Hyundai Ioniq 5 N avec ses vrais-faux changements de vitesses sur le rugissement d’un V6 ou encore de l’Abarth 500e reproduisant les crépitements de l’échappement Monza de la Cinquecento d’antan.

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Des brevets fascinants

Ferrari semble emprunter une autre voie. Si le patron n’en dit pas plus, les documents parlent d’eux-mêmes. L’automne dernier, la marque a déposé une plainte un brevet fascinant concernant un  » système de transmission sonore indiquant le fonctionnement de l’essieu « .

Ce document de 12 pages recense comme inventeurs Marco Ballatore (responsable innovation chez Ferrari), Francesco Carosone (acousticien de la marque), Tomás Pedraza et Antonio Palermo (ingénieurs son, vibrations, dureté – on dit « NVH » dans le monde automobile).

La demande de brevet stipule : « L’objet de la présente invention est de répondre aux besoins (…) de manière simple et économique, par exemple en réduisant ou en supprimant le besoin de dispositifs électriques pour transmettre les sons. « .

Bref, Ferrari n’a pas l’intention de s’appuyer uniquement sur la diffusion de son artificiel via des haut-parleurs, qu’il s’agisse de ceux du système audio classique ou d’amplificateurs spécifiques. Le procédé est pourtant déjà courant sur les voitures thermiques, de la courageuse Peugeot 308 en mode « sport » à la vénérable Mercedes AMG-GT.

Des tuyaux pour entendre le moteur

Concrètement, Ferrari envisage d’équiper ses véhicules de « conduits acoustiques » reliant le enveloppe (le boîtier en aluminium contenant la machine électrique) jusqu’à l’habitacle. Le but est de faire entendre aux passagers les mouvements du rotor grâce aux vibrations de l’air dans ces canaux. Ils finiraient par exemple sur le tableau de bord ou juste derrière les sièges.

Le cerveau électronique de la voiture (ECU) pourrait utiliser un volet pour ouvrir ou fermer le dispositif en fonction des circonstances, du type de conduite ou des besoins. Ferrari revendique également un dispositif comprenant :  » une branche se termine par une ouverture supplémentaire orientée vers l’extérieur du véhicule  » En bref, le cheval cabré envisage une sortie pour les passants. Le son pourrait être activé/désactivé selon les souhaits du propriétaire.

Dans le schéma, Ballatore, Carosone, Pedraza et Palermo illustrent le cas d’un véhicule électrique avec un moteur synchrone à aimant permanent sur chaque essieu. Les conduits (26a et 26b) relient les boîtes de résonance à l’habitacle. Cela permettrait au conducteur de percevoir à l’oreille le couple généré par les machines électriques sur chaque essieu.

La demande de brevet déposée par les acousticiens de Ferrari continue : « De plus, les conduits acoustiques comprennent (…) des caisses de résonance (…) dotées d’un volume, d’une forme et d’un matériau choisis lors de la phase de conception afin d’amplifier l’intensité du son et, si nécessaire, de définir une tonalité ou un timbre pour le son transmis à travers les ouvertures. « .

Le volume du conduit pourrait ainsi être ajusté pour produire un son plus agréable aux oreilles des occupants : «  augmenter les sensations acoustiques pendant la conduite, sans utiliser d’électronique (…) Le système est très simple et relativement compact  » les inventeurs sont satisfaits de la demande de brevet.

Plus que les sons artificiels émanant des haut-parleurs, le brevet évoque d’autres techniques. Au début des années 2010, la Ford Focus ST proposait déjà son Symposeur sonoreun conduit ouvert ou fermé par un volet, qui laissait entrer le rugissement du 4 cylindres EcoBoost dans l’habitacle lorsque la pédale d’accélérateur était enfoncée à fond.

La Dodge Charger Daytona est équipée d’un dispositif appelé Échappement à chambre Fratzonic proposant un système fermé, avec un travail sur les conduits et les déviations. Mais le son de la voiture musclée Le son électrique est toujours généré par des haut-parleurs. Ferrari entend ici utiliser et transformer le son « naturel » produit par les machines électriques.

Un « orgue » sous le fond plat

Le travail audio de Ferrari se poursuit dans d’autres domaines. demande de brevet publiée en mars dernier par l’Office européen des brevets décrit un « système de génération de son aérodynamique, configuré pour générer des sons en utilisant le vent de face, c’est-à-dire le mouvement de l’air par rapport au véhicule « .

Cette fois, l’équipe d’inventeurs comprend Alfonso Oliva (responsable audio chez Ferrari), Luca Poggio (responsable électronique), Federico Acuto (designer) et Matteo de Petris (design avancé).

Les dessins techniques montrent une sorte d’orgue ou de flûte de Pan placé sous la voiture. L’appareil est donc composé de tubes métalliques de différentes longueurs.

Il n’est cependant pas question de jouer ici. Toccata et Fugue en ré mineur Ou Les passes du Condor (à l’heure où certaines voitures sont équipées de coussins péteurs, on peut tout imaginer). L’idée est d’utiliser le vent, capté via la prise d’air destinée au refroidissement, pour faire du bruit.

Le document stipule : « le système de génération de son aérodynamique comprend une pluralité d’aérophones disposés en parallèle dans lesquels une partie du vent de face est conduite (…), générant ainsi des sons. De préférence, ces aérophones sont placés les uns à côté des autres et sont conçus pour générer des sons à différentes fréquences de telle sorte que les sons générés (…) soient une combinaison de sons de différentes fréquences « .

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A cette occasion, nous découvrons l’existence du mot aérophone comme synonyme d’instrument à vent, comme la flûte.

Ici aussi, des valves permettent d’actionner ou de régler le dispositif. Surtout, la demande de brevet décrit un piston placé à l’intérieur des tubes. Il est monté à l’extrémité d’un  » élément élastique » et se déplace vers l’avant et vers l’arrière en fonction de l’intensité du vent et donc de la vitesse du véhicule, ouvrant ou fermant la sortie d’air, transformant le son.

Le brevet précise également que la batterie du véhicule électrique pourrait servir de support à l’aérophone.

Pour l’heure, il est difficile de savoir si ces dispositifs seront utilisés sur la première Ferrari 100% électrique prévue pour l’année prochaine. On pourrait par exemple objecter leur caractère néfaste pour le Cx du véhicule (et donc son autonomie et ses performances).

Mais ce qui est sûr, c’est que les futurs modèles électriques de la marque transalpine vont faire du bruit.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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